Malgré une féroce concurrence étrangère, Aubin Imprimeur fait mieux que résister sur ses marchés de référence : le livre, les magazines et le packaging. La PME ligugéenne a créé une trentaine d’emplois depuis trois ans.
En une décennie, Aubin aura connu trois actionnaires différents et une seule crainte : disparaître des écrans radars. Une crainte d’autant plus justifiée que 25% des imprimeurs français ont connu la faillite au cours des cinq dernières années. Aubin Imprimeur fait partie des rescapés qui ont su s’adapter « à la concurrence étrangère, au manque de perspective et aux impayés », dixit Jean-François Jolivet, directeur de production de l’usine ligugéenne. Sous l’impulsion d’Hugues Monpézin, la vénérable institution de la commune a fait sa révolution. « Nous travaillons 24h/24, six jours sur sept quand c’est nécessaire. Bref, nous faisons preuve de beaucoup de souplesse, avec une visibilité réduite à la semaine d’après et des délais de règlement très longs », ajoute le cadre dirigeant.
« Réactivité essentielle »
Cette forme d’agilité permet à Aubin de rester un acteur majeur de l’impression de livres, qui représente 40% de son chiffre d’affaires (27,6M€ en 2016, + 15% en deux ans). De la saga Harry Potter au « dernier » Christophe André, la PME de 170 salariés fabrique des ouvrages à gros tirage. Dans la presse, son positionnement haut de gamme lui permet aussi de tirer son épingle du jeu. Même réflexion sur son troisième segment de marché, le packaging. Dans son souci perpétuel de « qualité », Aubin investit massivement. « L’actionnaire a injecté 4M€ lorsqu’il est arrivé, abonde Jean-François Jolivet. L’année dernière, c’était 1,5M€ et nous serons sur des sommes presque équivalentes en 2017 et 2018. »
Chaque année, l’entreprise engloutit 20 000t de papier, soit quatre fois le tour de la Terre. Par ailleurs, dans le même laps de temps, 25 millions de magazines sortent de ses presses, pour un total de 150 titres différents. Des chiffres impressionnants. Mais ce sont surtout les délais de fabrication qui épatent. Aubin est aujourd’hui capable de livrer ses clients en quarante-huit heures chrono. « Cette réactivité, couplée avec la qualité, est pour nous essentielle », martèle le directeur de production. La semaine dernière, le Comité d’organisation du concours « Un des meilleurs ouvriers de France » avait d’ailleurs choisi l’imprimerie séculaire pour lancer officiellement sa 26e édition (voir plus bas). Tout sauf un hasard pour une boîte qui a fait de l’excellence sa marque de fabrique... mais qui n’emploie aucun Meilleur ouvrier de France. Peut-être un objectif pour demain.
Des « MOF » très attendus
Jusqu’au 31 mai, salariés, dirigeants d’entreprises et formateurs peuvent s’inscrire à la 26e édition du concours « Un des meilleurs ouvriers de France », qui a vu le jour en 1924. Contrairement aux idées reçues, la prestigieuse épreuve ne récompense pas que des professionnels des métiers de bouche, mais distingue le gratin dans deux cent trente métiers différents. Bois, ameublement, métaux, industrie, terre, verre, vêtements, bijouterie, gravure, communication, audiovisuel... sont ainsi concernés. Selon Bernard Hubert, vice-président du Comité d’organisation, cette «
promotion des talents » sert aussi l’intérêt des entreprises dans leur «
politique de ressources humaines ». «
Je suis persuadé que la gestion des emplois et des compétences sera l’un des sujets majeurs pour elles », abonde le menuisier tourangeau. A l’heure actuelle, seuls neuf Poitevins ont candidaté et aucun n’avait remporté la « timbale » en 2014, date de la dernière promotion. Au total, 9 006 artisans ou salariés ont été distingués depuis près d’un siècle.
Plus d’infos et inscriptions sur le site
meilleursouvriersdefrance.org