Quatre mois après la démission forcée du directeur général Jean-Charles Watiez, le Centre national d’enseignement à distance (Cned) s’efforce de regarder l’avenir avec optimisme. Mais des procédures judiciaires pourraient assombrir le tableau...
Dans la très feutrée administration publique, l’affaire a fait grand bruit. Le 23 décembre dernier, Jean-Charles Watiez a démissionné de son poste de directeur général du Cned, à peine onze mois après sa nomination. Un départ visiblement contraint et motivé par une visite de plusieurs membres de l’Inspection générale de l’Education nationale. « J’imagine qu’il y a un rapport de cause à effet », indique son successeur, Michel Reverchon-Billot. Najat Vallaud-Belkacem l’a nommé -au départ en intérim, il a été confirmé-, entre autres missions, pour « apporter une attention toute particulière aux relations sociales internes et établir un cadre de confiance avec l’encadrement, les personnels et leurs représentants ».
En « homme de dialogue », l’ancien « DG » adjoint de Canopé remplit visiblement son office avec célérité. « Les choses sont beaucoup plus apaisées », reconnaît Claire Douroux, représentante Unsa-Education au Cned. Mais le nouvel homme fort de l’établissement doit aussi et surtout assumer l’héritage de son prédécesseur à qui, au-delà d’un « management autoritaire » et de relations dégradées avec ses agents, on reproche du favoritisme dans l’attribution de certains marchés publics. Selon nos informations, au moins deux contrats feraient l’objet de recours auprès du procureur de la République de Poitiers, Michel Garrandeaux. Lequel ne veut « pas commenter cette affaire ». Charge à lui de poursuivre ou non le principal mis en cause dans les prochains mois.
Injoignable pendant plusieurs mois
A ces « affaires » en cours, s’ajoute un autre dysfonctionnement qui s’est révélé très préjudiciable pour le leader français de l’enseignement à distance. En avril 2016, la direction générale a dénoncé le marché qui liait le Cned à Arvato Services, sur le volet relation clients. « Cela a eu des conséquences non négligeables sur l’activité de l’établissement, note Michel Reverchon-Billot. Pendant plusieurs mois, le Cned était injoignable par téléphone ou par mail. Ce qui nous a fait perdre 6M€ de chiffre d’affaires. Un nouveau contrat a été conclu pour renforcer le centre de relation clients du Cned. Mais il a fallu un temps d’adaptation. »
Bref, si le climat social semble meilleur qu’à la fin 2016, les interrogations sur la pérennité du Centre national d’enseignement à distance, sa compétitivité face aux opérateurs privés, ses missions de service public et, surtout, sa pesanteur -2 200 agents, huit sites, 500 formations dispensées- ne lassent d’inquiéter en interne. « Les conditions de travail restent toujours compliquées, du fait de la suppression de certains postes », rappelle aussi Claire Douroux.
Un collectif, une démission
En général, les crises sociales se « réduisent » à un affrontement entre syndicats -parfois une intersyndicale- et direction. Dans le cas d’espèce du Cned, c’est un collectif de « simples agents » qui a joué le rôle de détonateur et conduit à la démission de Jean-Charles Watiez.
Un blog et deux comptes Twitter ont abreuvé le grand public sur les dysfonctionnements internes. Les traces visibles se trouvent sur le portail
lelanceur.fr. Rappelons que les agents ont également manifesté deux fois sur la Technopole.