Public-privé, entre projets et rejet

Transports, culture, sport... Depuis plusieurs années, les collectivités territoriales de la région multiplient les partenariats public-privé. Présenté comme un moyen de financer des projets ambitieux, ce dispositif ne fait toutefois pas l’unanimité.

Marc-Antoine Lainé

Le7.info

A compter du 28 avril, les basketteurs poitevins pourront profiter d’un terrain de 3 x 3 flambant neuf, en face du Jardin des Plantes. Adossé aux installations d’origine, qui attirent des centaines d’amateurs, ce nouveau « playground » est le fruit d’un partenariat inédit entre la Ville de Poitiers et GRDF. Le groupe de distribution de gaz a contribué au financement du projet à hauteur de 44 000€, soit 64% du montant total des travaux. Pour le député-maire Alain Claeys, ce PPP (partenariat public-privé) s’inscrit « dans la continuité de la dynamique basket à Poitiers ». « Je salue la volonté de GRDF de financer un tel projet, a-t-il souligné au moment de la visite de chantier, mi-mars. Cela ne veut pas dire qu’à l’avenir Poitiers recourra systématiquement au PPP. Mais il n’est pas interdit d’aller chercher des subventions (sic.) du côté du privé. »

Sur ce terrain, les avis divergent dans les collectivités territoriales. Le président de la Nouvelle-Aquitaine Alain Rousset y est « fermement opposé ». Les difficultés du montage financier de la LGV Tours-Bordeaux(*), qui ont conduit à un conflit entre Lisea et la SNCF, ont certainement conforté sa position sur le sujet. Du côté du Département, en revanche, le point de vue est tout autre. « Il ne faut exclure personne. Je pense que le PPP est une bonne idée, qui renvoie une bonne image », explique ainsi Bruno Belin, président du Conseil départemental de la Vienne.

« Un choix cohérent »

L’élu du Nord-Vienne assure par ailleurs qu’il sollicitera les entreprises pour boucler le budget des prochains projets de grande ampleur du Département, à savoir l’Arena Futuroscope et l’Historial du Poitou. « Pour l’Arena, nous allons chercher à mobiliser la Compagnie des Alpes (premier actionnaire du Futuroscope, ndlr), reprend-il. Ce choix est cohérent. L’Arena bénéficiera de la notoriété du Futuroscope et celui-ci profitera de ce partenariat pour soigner sa communication et son image. » En matière de PPP, Bruno Belin n’en est pas à son coup d’essai puisque le village d’enfants de Monts-sur-Guesnes, commune du Nord-Vienne dont il a été maire, a été financé à 100% par une fondation privée.

Au-delà des infrastructures, les collectivités se tournent régulièrement vers les entreprises du territoire pour consolider leurs budgets culturels. 10% du budget des Heures Vagabondes provient ainsi de partenaires institutionnels ou privés. L’an passé, la Ville de Poitiers avait, quant à elle, sollicité la générosité d’Energie Vienne et de Sorégies pour organiser le concert de Manu Katché et Ben l’Oncle Soul, au parc de Blossac. Si ces partenariats ne sont pas des PPP à proprement parler, ils n’en demeurent pas moins nécessaires aux collectivités pour compenser les baisses de dotations et les surcoûts liés notamment à la sécurité dans les événements publics.

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