Jusqu’en juin 2017, date du trentième anniversaire du Futuroscope, la rédaction vous plonge dans les arcanes du deuxième parc de loisirs français. Sixième épisode : la période Amaury, en février 2000 et novembre 2002.
Il est arrivé par la petite porte en mars 1997, comme électrotechnicien. « D’abord en CCD », précise-t-il d’emblée. Cette année, il fête donc ses « vingt ans de boîte » à l’Omnimax, dans la dernière cabine manuelle de projection Imax du parc. A 47 ans, Franck Lacoux n’est pourtant pas un dinosaure, mais il a presque tout vécu ici. Et notamment la période Amaury Sports Organisation (ASO), la plus sombre de l’histoire du Futuroscope. « Je n’en garde pas de bons souvenirs. Comme beaucoup d’autres, je pensais qu’ASO amènerait de nouvelles idées, créerait une dynamique. Mais en fait, les Parisiens et les Provinciaux n’avaient pas le même regard sur le produit… »
Après la lune de miel toute relative, symbolisée par l’inauguration du Défi d’Atlantis, l’ouverture de la gare TGV du Futuroscope ou encore le départ du 87e Tour de France, vint donc le séisme du changement de nom, Planète Futuroscope. Et une campagne de pub catastrophique. « On a revu les spots télé il y a peu de temps, confie un ancien salarié, qui préfère rester anonyme. Je les résumerais en un mot : catastrophiques ! » Entre la famille atteinte par une nuée de météorites et les quatre ados désœuvrés sur un banc, en train de cracher, l’image renvoyée se révèle exécrable. Philippe Laflandre, nommé à la direction du parc en janvier 2001, à la place de Gilbert Ysern(*), ne brille pas par son inspiration.
« Chez Raffarin en barque ! »
Le renouvellement des attractions -Cyberworld, Le Miroir d’Uranie…- et la stratégie marketing d’ASO ne suffisent pas à enrayer la chute vertigineuse de la fréquentation. Au point que Planète Futuroscope accuse des pertes de l’ordre de 7,6M€ pour l’exercice 2001. A l’orée de 2002, l’exploitant tente d’alléger la « barque », en externalisant les activités de logistique, de nettoyage, la maintenance… Deux cents personnes sont concernées. Franck Lacoux refuse de quitter le navire et s’investit à fond dans les cabines de projection. Plus tard, il obtiendra d’ailleurs son diplôme de projectionniste par le biais d’une Valorisation des acquis de l’expérience. Mais au printemps 2002, c’est sur le pavé poitevin que le délégué Force Ouvrière fait entendre son mécontentement. « Nous avions manifesté devant le Conseil général. Raffarin était Premier ministre depuis quelques semaines et on avait projeté de se rendre devant sa maison de Chasseneuil. Aux Renseignements généraux, j’avais dit que nous irions en barque depuis le Clain, s’ils nous barraient l’accès par la route. »
Agent d’accueil à l’époque, Julien se souvient, lui, « qu’une employée de la Direction des ressources humaines avait été envoyée pour prendre les identités des manifestants ». « On n’avait pas été tendres avec elle, même si elle n’y était pour rien. » Une autre anecdote croustillante lui revient en mémoire. Philippe Laflandre poursuivi dans les allées par des salariés en colère, à la sortie d’une réunion houleuse… « Son chauffeur l’attendait et a démarré en trombe. » Quelques mois plus tard, Amaury Sport Organisation jettera l’éponge. Planète Futuroscope est tout près du dépôt de bilan. La suite au prochain épisode…
(*) Selon plusieurs sources, c’est René Monory lui-même qui aurait demandé et obtenu la tête de l’ancien arbitre international, par ailleurs directeur adjoint d’ASO à l’époque.
Photo M VIMENET/D LAMING, Architecte