Exit la pénitence ! Pendant le Carême, du 1er mars au 16 avril, les chrétiens convaincus s’efforcent désormais de prendre du recul et de se détacher de leurs addictions. Mais chacun à sa manière.
«Les nouvelles technologies étant faites pour l’Homme et non l’Homme pour les nouvelles technologies, ce répondeur ne sera consulté que les lundis et jeudis durant toute la période du Carême. » Le Père Gourrier n’est pas facile à joindre en ce moment. Ultramédiatisé au moment de son combat en faveur de Jérôme Kerviel, il a décidé de prendre du recul avec les médias. L’ex-pensionnaire des « Grandes gueules », sur RMC, a ouver un centre de méditation dans le cadre verdoyant de l’abbaye Sainte-Croix, à Saint-Benoît. Et à l’occasion du Carême, il a opté cette année pour un « jeûne technologique ».
Smartphone, Internet et réseaux sociaux sont remisés au placard. Patrice Gourrier ne les consulte plus que deux à trois fois par semaine actuellement. Sur son site Web, le prêtre s’explique : « Je pense à cette famille qui, durant un trajet en train, n’échangea pas un mot, tous ses membres ayant les yeux fixés sur leur écran, ou encore à ces amoureux assis face à face dans un restaurant dont les visages étaient illuminés par... la lumière du téléphone qu’ils consultaient. » Avant de lancer un appel : « Stop aux écrans qui font écran. »
Carême par SMS
Dans une société frénétique, le Carême peut paraître désuet. Difficile d’ailleurs d’estimer le nombre de chrétiens qui le pratiquent. 5 ou 10% peut-être, selon les observateurs. Mais pour ceux qui en acceptent les principes, les quarante jours avant Pâques constituent un moment parfait pour réajuster leur vie et vaincre leurs addictions. « J’ai souvent l’impression que ma vie m’échappe. Je suis prise dans un tourbillon entre le travail, les enfants et tout le reste », confie Odile. Sa solution ? « Laisser volontairement des respirations dans mon agenda. »
Exit le jeûne alimentaire ! Sauf, à la limite, le « mercredi des cendres » et le « vendredi saint ». Aujourd’hui, les fidèles profitent du Carême pour collecter des fonds dédiés à des œuvres caritatives. C’est le côté solidaire. Mais surtout, ils prennent le temps de réfléchir au sens de leur vie. Pour cela, certains n’hésitent pas à mener une retraite spirituelle. Chez les sœurs de l’abbaye Sainte-Croix ou à l’abbaye de Ligugé. Laquelle a reçu 4 000 personnes en 2016. Ses quarante lits sont tous déjà réservés pour la semaine précédant Pâques.
La morale de cette histoire ? Chacun adapte désormais le Carême à sa manière de vivre. A l’image de Philippe, en charge des relations publiques dans une grande entreprise de la Vienne. Lui ne pourra pas répondre à l’appel du Père Gourrier. Son mobile est indispensable à son activité professionnelle. Alors, pour concilier les deux, il s’est abonné à la liste de diffusion « Carême dans la ville » et reçoit un SMS chaque jour : « C’est un texte religieux ou philosophique. Je me pose cinq minutes le matin. Ça donne une orientation à ma journée. » Comme si le Seigneur lui avait transmis son 06...