Un pacte pour l’« égalité <br>des soins et des territoires »

En visite, ce matin, à Scorbé-Clairvaux, la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a annoncé la mise en œuvre, dès janvier 2013, d’un nouveau pacte « santé-territoire », censé contrer l’avancée de la désertification médicale.

Nicolas Boursier

Le7.info

Réussira-t-elle là où Xavier Bertrand et Roselyne Bachelot ont, selon elle, tour à tour échoué ? En reprenant à son compte le « nécessaire rééquilibrage des soins sur le territoire », Marisol Touraine s’attaque à un serpent de mer, dont aucun des derniers gouvernements n’a franchement réussi à couper la tête.

C’est à Scorbé-Clairvaux, petite bourgade tranquille du nord-Vienne, commune rurale honorée de la création récente d’un pôle de santé pluridisciplinaire (*), que la ministre des Affaires sociales et de la Santé est donc venue porter la bonne parole.

Dans ses valises, l’annonce d’un plan d’action pour lutter contre la désertification médicale. « L’accès de tous les Français, sur l’ensemble du territoire, à des soins de qualité, est une priorité absolue pour le gouvernement », a-t-elle lancé en préambule.

Premiers pas sécurisés

Pour faire face à « cet enjeu majeur » de la politique sanitaire nationale, la ministre a notamment annoncé sa volonté de favoriser l’accès des jeunes médecins à l’installation en milieu rural. « Le problème, a-t-elle expliqué, n’est pas tant le nombre de médecins que leur répartition sur le territoire. » Pour faciliter cette répartition, le gouvernement entend opérer, dès 2013, des changements dans la formation des futurs praticiens.
 
Son premier engagement consiste à éveiller les vocations et à systématiser, pour tous les étudiants sans exception, les stages en médecine générale. Elle fixe par ailleurs à 1500 le nombre de bourses de service public à signer d’ici à 2017. Elle promet encore d’accompagner au mieux les jeunes professionnels souhaitant s’installer dans une zone en voie de démédicalisation, en « sécurisant » financièrement leurs deux premières années d’exercice. Deux cents de ces « praticiens territoriaux » doivent s’installer dès 2013.
 
Enfin, et c’est là le quatrième pilier du bâtiment « formation-installation » érigé par  Marisol Touraine, un « référent installation unique » va être désigné, dans chaque région, pour « informer, accompagner et convaincre » les plus jeunes et mieux les orienter dans leurs démarches de reprise ou d’installation.

Regroupements à tout-va

Autre axe fort du pacte gouvernemental : les conditions d’exercice des professionnels de santé font elles aussi l’objet de quatre engagements. Pour une meilleure prise en charge de la patientèle, l’Etat va encourager le développement du travail en équipe et les regroupements intersectoriels. « A l’image de ce qui a été fait ici, à Scorbé-Clairvaux, médecins, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, paramédicaux et pharmaciens ont besoin de l’échange et de la force du collectif pour proposer à la population un service global et adapté. » Dans le cadre de ces regroupements, des rémunérations forfaitaires, en complément des paiements à l’acte, vont être initiées dans les prochaines semaines.

Marisol Touraine milite encore pour que les maisons de santé deviennent des creusets de formation universitaire et que la télémédecine déploie ses ailes. Enfin, elle pointe du doigt « l’urgence à accélérer les transferts de compétences », notamment dans certaines spécialités sinistrées. « Combien ai-je été interpellée sur les délais déraisonnables pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologiste ? Six mois, parfois neuf. C’est trop. Les transferts de certains actes, vers les orthoptistes par exemple, permettront de diminuer ces temps d’attente insuppportables. »
 
Samu : des médecins correspondants
 
Troisième et dernier volet de la « plaidoirie ministérielle » : l’investissement dans les territoires. Là-dessus, Marisol Touraine se dit garante d’un accès aux soins urgents en moins de 30 minutes, d’ici à 2015. « Des solutions vont être proposées, explique-t-elle, comme la mise en place de médecins correspondants du Samu ou de services mobiles d’urgence et de réanimation. »

La ministre entend au-delà autoriser les médecins hospitaliers ou salariés de maisons de santé à venir appuyer, de manière partielle et volontaire, les confrères spécialistes installés dans des zones fragilisées.
2013 servira au-delà à identifier les principales mesures à prendre pour conforter le rôle des hôpitaux de proximité, notamment sur la question du développement des vacations de spécialistes et l’amélioration du parcours des soins. Un second renforcement concernera les centres de santé. L’identification des territoires nécessitant leur implantation sera effectuée au cours du premiers semestre 2013.
 
(*) Le pôle de santé de l’Envigne s’appuie sur deux maisons de santé, l’une située à Scorbé, l’autre à Lencloître. Il est constitué de quatre médecins généralistes, deux dentistes, quatre infirmiers et deux masseurs-kinésithérapeutes. Se joindront bientôt un cinquième infirmier et un psychologue. Le pharmacien prend également aprt à ce projet.

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