La Région réduit son offre en haut débit

A partir de juillet 2013, le Conseil régional limitera le périmètre de son appel d’offres relatif à la fourniture de haut débit aux lycées. Une cinquantaine d’établissements publics, comme l’université de Poitiers ou le Cned, doivent s’organiser dans l’urgence pour conserver leur connexion Internet.

Romain Mudrak

Le7.info

Difficile d’imaginer les universités de Poitiers et La Rochelle, le Crous, le Cned ou encore le CNDP dépourvus de connexion Internet à haut débit en juillet 2013.C’est pourtant la menace qui plane sur une cinquantaine d’établissements publics installés sur le territoire régional. En milieu d’année, le Conseil régional de Poitou-Charentes a lancé un appel d’offres pour renouveler le marché relatif à la « fourniture et la mise en oeuvre de services de communication (accès et liaisons) ».

Surprise, cette quatrième génération ne mentionnait que 92 lycées et sites patrimoniaux de la région, au lieu des 140 points de connexion habituels. Jean- François Macaire ne semble pas gêné par cette situation. « Nous avions prévenu tous nos partenaires concernés dès le mois de janvier 2012, relève le vice-président du Conseil régional en charge du Développement économique. Dans ce dossier, nous avions un rôle de grossiste dans le cadre du Contrat de projet Etat-Région 2007-2013. Celui-ci se terminant, nous avons choisi de mettre fin à cette mission, qui n’était pas notre vocation. » Sur des considérations plus techniques, il précise que « le groupement de commandes n’était, de toute façon, plus assez souple pour répondre aux besoins très diversifiés des usagers ». A elle seule, la situation géographique pouvait modifier les prestations. Certains territoires sont équipés de la fibre optique. D’autres non. Impossible de moduler dans le cadre réglementé d’un marché public pour autant de clients dispersés.

Alors, ces acteurs majeurs de l’éducation seront-ils coupés du monde dans six mois ? Les laboratoires poitevins devront-ils suspendre leurs activités de recherche en attendant qu’un compromis soit trouvé ? Sans aller si loin dans l’extrapolation, les services techniques et administratifs de ces établissements planchent très sérieusement sur une solution. Et ce n’est pas simple. Le directeur d’un établissement d’enseignement supérieur, basé sur la Technopole du Futuroscope, confie ses inquiétudes : « Nous nous dirigeons vers la création d’un nouveau groupement de commandes. Mais l’appel d’offres sera-t-il lancé par une association indépendante ou par l’un de ses membres ? Les effectifs devront sûrement être renforcés. Ces questions ne sont pas tranchées. » Du côté de l’université de Poitiers, le président Yves Jean reste confiant : « Nous avons un rendez-vous avec Ségolène Royal et Jean-François Macaire à la mi-janvier. » En comptant les délais de consultation, la sélection et la mise en place technique, la marge est fine. Au Crous, on n’envisage pas de rupture de débit. Un scénario catastrophe. En revanche, les techniciens du département « Systèmes d’information » admettent que « le mégabit coûtera plus cher ».

 

Le marché de la connexion haut débit des lycées contesté en justice
Alors qu'une cinquantaine d'établissements publics d'éducation tentent de s'organiser dans l'urgence pour conserver leur connexion haut débit, c'est le contrat relatif à la future prestation qui était contestée, le 5 décembre, au tribunal administratif de Poitiers. Solstis et la PME chasseneuillaise Saclak Network ont engagé une procédure de référé précontractuel contre la Région et le lauréat du lot, Obiane, filiale de France Télécom. Parmi les sept points de contestation, les requérants ont insisté sur le « manque d’informations » dont ils ont été victimes. « Nous ne savions pas quel opérateur était en place, ni si le lycée était relié à la fibre. Difficile de chiffrer précisément notre offre », souligne Charles Enel-Rehel, directeur de Saclak. D’autre part, ce dernier affirme que trois familles d’opérations distinctes étaient réunies dans un unique lot : « C’est comme si la Région incluait le lavage des vitres du Conseil général dans son lot haut débit ! ». A l’intérieur, la mise à disposition de filtres destinés à sécuriser l’accès à Internet posait un problème particulier : « Cette mission revient au Rectorat. Notre offre n’aurait pas dû être évaluée sur ce point. » « Nous avons conclu un partenariat avec le Rectorat », rétorque le juriste du Conseil régional. Qui ajoute, sur la question du défaut d’information : « Nous n’avions pas à les fournir. Les candidats devaient se renseigner auprès des opérateurs en place. » Le jugement sera rendu d'ici le 11 décembre.

 

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