Quand la ville fait son marché

Poitiers et la Vienne sont-elles attractives pour les entreprises et commerces nationaux et internationaux ? Pour jauger leur potentiel de séduction, les collectivités doivent prospecter et savoir se vendre. A l’exemple de Grand Poitiers, qui participait, la semaine dernière, au Mapic de Cannes, le salon de l’immobilier commercial.

Romain Mudrak

Le7.info

« Il faut être au Mapic. Si les investisseurs ne vous y voient pas, ils vont ailleurs, tout simplement. » Cette analyse de Claude Lafond, président de la Fédération des agents économiques (FAE), explique en partie pourquoi Grand Poitiers a dépensé 18 000€ pour obtenir, en fin de semaine dernière, un stand de 20m2 au salon de l’immobilier commercial de Cannes. Depuis trois ans, une délégation poitevine se rend sur la Croisette pour convaincre de grandes enseignes nationales et internationales de s’installer à Poitiers. « Nous avons engagé cette démarche lorsque la collectivité a décidé de développer trois zones : Coeur d’agglo, les Grands Philambins à Chasseneuil et Poitiers-sud/Fontaine le Comte », note El Mustapha Belgsir, vice-président de Grand Poitiers en charge du développement économique. La FAE, la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne et des agents immobiliers spécialisés ont effectué le déplacement.
En deux jours, la délégation a enchaîné une quarantaine de rendez-vous, dont certains plus sérieux que d’autres avec Naf Naf, le cuisiniste Cullinario ou encore la chaîne de jardineries Botanic. L’avenir du Printemps a bien sûr été évoqué. Trois surfaces commerciales se dessinent à l’horizon, de 2 400, 1 600 et 120m2. H&M est de plus en plus pressenti, mais rien n’est signé, selon le nouveau propriétaire, Virgil. Plusieurs acteurs se montrent confiants sur la capacité d’attractivité de la ville. Jacky Brothier, agent immobilier à Poitiers, expert des fonds de commerce, sillonne les allées du Mapic depuis six ans. Il sait que la « stabilité de la ville » est un argument de séduction fort. Selon lui, la prépondérance du secteur tertiaire et la présence de nombreux fonctionnaires rassurent les investisseurs : « Grand Poitiers traverse les crises sans déprime majeure. Les consommateurs sont toujours là. »

Coeur d’agglo opérationnel
Plus pragmatiques que jamais pendant ce salon, les représentants des enseignes cherchent à décrypter les habitudes de consommation des Poitevins. « Quel chiffre d’affaires potentiel ? Peut-on avoir 300m2 ? Et 10 mètres de vitrine ? Voilà les questions précises qu’ils nous posent », rapporte Claude Lafond. Les impôts locaux et la piétonisation de l’hypercentre ne semblent pas les décourager. « Au contraire même, renchérit Jacky Brothier, la structuration des flux de clients, à partir des parkings, permet aux enseignes d’avoir une vision claire des endroits où elles peuvent s’installer. » De là à dire que l’opération séduction a fonctionné… Attendons 2013 !

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