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ZTE, chronique d'un départ annoncé
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : lundi 29 octobre 2012L’équipementier chinois ZTE Corporation ne poursuivra pas son développement dans la Vienne. Les effets de la crise économique mondiale, conjugués à des problématiques récurrentes de recrutement, conduisent l’équipementier chinois à renoncer à son vaste projet sur la Technopole du Futuroscope.
Officiellement, ZTE Europe mène depuis plusieurs mois « une vraie réflexion autour la pérennité de ses investissements à Poitiers ». Officiellement donc, le spécialiste chinois des télécommunications n’a pas enterré son objectif initial : installer sur la Technopole sa plateforme européenne de compétences en matière de formation, R&D et SAV. Et créer les mille emplois promis depuis belle lurette, dont trois cents « avant fin 2012 ». Ça, c’est la version officielle. Dans la coulisse, les faits prouvent tout le contraire. La semaine passée, la réunion de conciliation entre l’état-major « Europe » de ZTE et les autorités locales a tourné à l’incompréhension, même si le vice-président Europe de ZTE Lin Cheng doit revenir très vite vers les acteurs locaux avec une liste de doléances auxquelles ils sont censés répondre. Le premier grief de ZTE porte sur le manque d’ingénieurs télécoms bilingues susceptibles de rejoindre ses rangs. « Un prétexte », estime une source proche du dossier. Quoi qu’il en soit, le géant chinois avance cette raison comme l’une des pierres d’achoppement de sa montée en puissance à Poitiers.
Des agents immobiliers sur le coup
En fait, la crise économique mondiale a ébranlé les positions de ZTE sur le Vieux Continent. Et des conditions d’accueil plus favorables en Hongrie, où il dispose d’un centre de compétences depuis juin 2012, l’inclineraient à tourner les talons à Poitiers. « Leurs principaux concurrents sont déjà là-bas », observe un connaisseur. Au regard des investissements consentis par ZTE-D, la filiale immobilière de l’opérateur, difficile d’imaginer le groupe de télécommunications filer « à l’anglaise ».
Entre l’achat d’un terrain de 2,5ha sur la ZAC des Grands-Philambins et la construction de 10 500 m2 -des bureaux et logements-, ZTE aurait, selon nos calculs, déjà déboursé plus de 22,5M€. Sans compter les 10M€ ventilés entre salaires et achat de matériels, notamment pour l’expérimentation sur la 4G (LTE), menée en 2011. Mais les faits sont têtus. De source sûre, ZTE-D a entrepris de longue date des démarches auprès d’agences immobilières de la place pour louer une partie des bureaux et en céder une autre, de logements celle-là.
Pour rappel, tous les bâtiments seront achevés dans quelques semaines... En dépit de l’activisme
de Jean-Pierre Raffarin, il semble donc que l’horizon de ZTE dans la Vienne soit bouché. Et que la décision de ce « divorce » qui ne dit pas son nom incombe davantage à la direction mondiale de l’équipementier qu’à son échelon européen. Seule une vingtaine de salariés de ZTE-D et ZTE-University devraient prolonger leur bail au pied du Futuroscope. Le président du Département Claude Bertaud lui-même ne se fait « plus trop d’illusions ».
L’annonce du possible retrait de ZTE de la scène « futuroscopique » clôt un moins d’octobre délicat pour le géant chinois de la téléphonie. Il y a deux semaines, ses actions en bourse ont chuté de 15% à Hong-Kong, après que le groupe eut annoncé d’importants déficits pour l’année 2012. Dans un contexte économique tendu, qui fragilise depuis des mois l’ensemble des équipementiers télécoms occidentaux, le « monstre d’Asie » n’a pas réussi à jouer les exceptions.
Pour la première fois de son histoire, il a avoué une perte sèche de 215 millions d’euros au titre des neuf premiers mois de l’année. Ses ventes auraient même chuté de 13% sur le seul troisième trimestre. Ses difficultés à l’export (avec une baisse notoire de ses contrats en Europe et sur l’ensemble du continent asiatique) seraient à l’origine de cet impressionnant trou financier. Un gouffre, même, si l’on considère que ZTE réalisait jusque-là la moitié de son chiffre d’affaires à l’international.
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