Hier
ZTE jette l'éponge dans la Vienne
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : jeudi 25 octobre 2012ZTE Corporation renonce à se développer davantage sur la Technopole du Futuroscope. L’équipementier télécoms chinois s’apprête même à céder et louer une partie de ses bureaux et logements, dont la construction s’achève dans quelques semaines. La nouvelle fait l’effet d’une douche froide…
Les murs du Conseil général ont tremblé lundi dernier. Selon plusieurs sources, la réunion entre Lin Cheng, vice-président Europe de ZTE (*), et les élus du Département, de la Région et de Grand Poitiers -Jean-Pierre Raffarin en était aussi- aurait tourné à l’orage. «Les premières minutes ont été très tendues», reconnaît Claude Bertaud, patron du CG 86. Il faut dire que le géant chinois des télécommunications a débarqué dans la Vienne avec une très mauvaise nouvelle à annoncer à ses hôtes. En clair, ZTE va renoncer à faire de Poitiers sa plateforme européenne de compétences en matière de formation, R&D et SAV.
La crise économique en Europe et, au-delà, le manque d’ingénieurs télécoms qualifiés sur le territoire, inciteraient l’opérateur à se tourner vers l’Europe de l’Est. On parle d'un possible déploiement en Allemagne ou, plus sûrement, en Hongrie, où ZTE a ouvert un centre opérationnel d’exploitation des réseaux avant l’été 2012. «Leurs principaux concurrents sont déjà là-bas», observe un connaisseur du dossier. Sauf improbable retournement de situation, le département devra donc se passer du millier d’emplois promis, à terme, sur la Technopole du Futuroscope. L’année dernière, le directeur du service après-vente de ZTE Dominique Bascop évoquait «300 personnes avant la fin 2012 ». Seule une vingtaine de salariés ZTE-Development, la filiale immobilière du groupe, et ZTE-University devraient prolonger leur bail in situ.
Plus de 30M€ investis dans la Vienne
Dans ces conditions, quid des mètres carrés de bureaux et logements (10 500 m2), actuellement en construction sur la zone des Grands-Philambins et livrés fin décembre ? ZTE-D a déjà entrepris des démarches auprès d’agences locales pour louer une partie des bureaux et en céder une autre, de logements celle-là. Entre l’achat du terrain de 13ha en 2008, la construction de ces premiers immeubles, ZTE aurait, selon nos calculs, déjà déboursé plus de 22,5M€. Sans compter les 10M€ ventilés entre salaires et achat de matériels, notamment pour l’expérimentation sur la 4G (LTE), menée en 2011.
Au Département, on ne se fait «plus trop d’illusions» sur la suite des événements. Les conditions d’«un travail en commun» ne semblent plus réunies. A fortiori si la crise continue de fragiliser les positions du géant chinois. Quant à la France, qui ne disposerait «pas d’éco-système sur le numérique» d’après Lin Cheng, elle n’aurait plus les faveurs de Pékin. De là à ce que le projet immobilier porté par ZTE-D -60 000m2, 80M€ d’investissements- ne tombe à l’eau, il n’y a plus qu’un pas...
(*) Lin Cheng est vice-président de la division 4 (Europe et Amérique du Nord) de ZTE.
Sollicitée par nos soins, la direction de ZTE Europe ne souhaite pas réagir à chaud sur ce vrai-faux départ de Poitiers. «Un important investissement a été réalisé, mais ZTE n’occupera pas l’ensemble des locaux qu’il avait prévu d’occuper», se borne à commenter l’agence Axim en charge des relations presse de ZTE. Qui admet tout de go qu’une «vraie réflexion autour de la pérennité des investissements à Poitiers est en cours ».
… Raffarin y croit encore
L’ancien Premier ministre ne se résigne pas à un départ de ZTE. Même s’il reconnaît que « le dossier est très difficile », Jean-Pierre Raffarin se veut résolument optimiste. «J’ai averti l’ambassade de Chine de la situation et nous avons convenu d’un rendez-vous en milieu de semaine prochaine à mon bureau du Sénat. Nous trouverons les solutions. » Le sénateur de la Vienne évoque même une possible «forme de pression sur les autorités françaises» pour obtenir des avancées sur d’autres dossiers.
À retenir
Retrouvez un dossier spécial sur la situation de ZTE dans notre prochain numéro, à paraître mardi.
À lire aussi ...