Si près du but !

Pour ses grands débuts à domicile, le PB86 a tenu la dragée haute au champion de France. Hélas, l’Elan Chalon a mieux géré le money-time, terminant sur un 9-0 rédhibitoire. Mais Saint-Eloi a vibré jusqu'au bout…

Arnault Varanne

Le7.info

Deux minutes vingt secondes à jouer. Comme rarement depuis deux saisons, Saint-Eloi est incandescent. Sur un énième panier longue distance, Anthony Smith  vient de placer les siens cinq longueurs devant l’Elan Chalon (77-72). A moins d’un cataclysme, la bande à Nelhomme s’apprête à réaliser le casse de cette deuxième journée de Pro A. Les deux lancers du NBA’er Shelden Williams sont vite effacés par un panier poste bas d’Ahmad Nivins. Et puis, il y a ce rebond signé Guillard et cette balle arrachée -sans doute de façon illicite- par Brion Rush, une banderille signée Evtimov (79-77, 39e) et le ciel qui s’écroule !

Derrière, Tchicamboud (14pts, 8 fautes provoquées) égalise à 79-79, tandis que, sur l’action suivante, le tir de Justin Gray à trois mètres fait flop. Juste après, Blake Schilb délivre un énième caviar dans le dos (neuf au total) pour Shelden Williams qui écrase un dunk rageur. Rush termine le job sur la ligne des lancers (79-83), devant une assistance médusée par ce retournement de situation. A la faveur d’un 9-0 terrible à encaisser, le champion de France en titre se paye sa première victoire de la saison dans la Ligue. Oh, bien sûr, aucun scandale là-dedans, simplement un arrière-goût d’inachevé pour une formation new-look au visage séduisant.

Départ canon et retour au courage

Après-match, Grégor Beugnot dira d’ailleurs tout le bien qu’il pense de cette « équipe bien construite», dotée d’une «belle densité physique dans la raquette».  Sûr que les compliments de l’ancien meneur de jeu de l’Asvel iront droit au cœur de Ruddy Nelhomme. Mais, avouons, que ces quelques marquent de respect ne le consoleront pas. Ni même d’ailleurs Ahmad Nivins, dont les observateurs de Pro A devront désormais apprendre à orthographier le nom. Une nouvelle fois, l’ancien de San José fut épatant, surtout avant la pause. Avec ses treize points et trois rebonds dans le premier quart, il a largement contribué au départ canon du PB (7-0, 2e puis 21-18, 10e). Symbole de sa forme actuelle, ce alley-oop avec Gray à la passe.

A dire vrai, on ne pourra reprocher qu’une seule chose à ce diable de Smith (24pts, 5 paniers primés) et à ses coéquipiers : une permissivité trop grande en défense. Exemples avec ces deux remises en jeu chalonnaises conclues par Lauvergne avant la pause. Ou encore ces lay-up dont Tchicamboud s’est goinfré toute la soirée. A part ça, le PB fut irréprochable, y compris lorsque Chalon prit un temps ses distances avec cet hôte un peu trop encombrant (58-66, 31e). Au courage et sans s’affoler, Gray sortit de sa boîte pour enfiler le costume de clutch player (69-68, 34e). Jusqu’à ce final haletant et cruel. La conclusion ? Le PB ne tombera pas, chaque semaine, sur un collectif aussi talentueux et expérimenté que celui du champion de France. Et, s’il maintient son niveau de jeu, le prétendu Petit Poucet se réserve des lendemains qui chantent.

Photo Seb Jawo

 

La fiche
A Poitiers, salle de Saint-Eloi, PB86-Elan Chalon 79-83. Mi-temps : 43-41. 2647 spectateurs. Arbitrage de MM. Collin, Antiphon et Karquillo.
La marque
POITIERS. Gray (6), Badiane (5), Dallo (1), Kanté (13), Guillard (6), Nivins (19), Dobbins (5), Smith (24), puis Harley. Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
CHALON. Lang (5), Williams (17), Aboudou (5), Evtimov (6), Tchicamboud (14), Jean-Baptiste (6), Lauvergne (10), Schilb (13), Rush (7). Entraîneur : Grégor Beugnot.

Ils ont dit…
Lamine Kanté (ailier du PB86) : « Il y avait la volonté, mais ce n’est pas passé. C’est le deuxième match serré de la saison et ce sera le cas toute la saison. Il faut défendre un peu mieux dans le quatrième quart temps. On fait beaucoup d’erreurs, notamment par rapport à l’orientation de Tchicamboud sur sa main gauche. Il a mis beaucoup de lay-up, distribué… Comme ce sont des shooteurs, ils ont mis dedans. Maintenant, on les a bien tenus. C’était à deux deux minutes près. C’est dommage. »
Anthony Smith (ailier du PB86) : « Je suis très déçu, car on aurait dû finir le travail, à domicile avec ce super public. On a été devant tout le match, il faut arriver à terminer. Ils ont créé des situations offensives sur lesquelles il était très difficile de défendre. Il faut que nous communiquions mieux entre nous. Ma performance individuelle ? C’est super, mais, au bout du compte, on a perdu. Chalon est une bonne équipe avec beaucoup d’expérience, qui a su rester calme tout le match. Mais on peut être compétitifs. »
Grégor Beugnot (entraîneur de Chalon) : « Je ne sais pas si Poitiers va faire des matchs comme ceux-là toute la saison… Félicitations à cette équipe car, si on ne reste pas sereins et que le doute s’installe, je pense qu’on ne gagne pas ici. C’est ce qui m’a plu dans la prestation de l’équipe. A chaque fois que nous prenions un peu d’avance, ils revenaient. J’ai aimé l’investissement de tout le monde, des titulaires comme du banc. L’objectif était de les user avec nos rotations. Ma    is malgré cela, Poitiers est revenue. Cette équipe est bien construite, avec une belle densité physique dans la raquette. La plus belle évolution, c’est d’avoir su amener le ballon à l’intérieur. »
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « Ce soir, il y a beaucoup de frustration. Maintenant, on donne au moins une dizaine de points, même s’il y a du talent en face. On a peut-être manqué un peu de communication sur des situations défensives. Je pense notamment à la première mi-temps, où l’on donne deux-trois paniers faciles sur remises en jeu. Peut-être que ça se joue là, car on doit aller à la mi-temps avec sept-huit points d’avance et pas deux. L’équipe s’est accrochée, mais nous ne sommes pas parvenus à terminer le travail. A côté de ça, Chalon a des joueurs de niveau Euroleague. Peut-être que nous avions deux ou trois matchs supplémentaires ensemble, ça nous aurait servi dans le money-time. Il faut continuer à écrire notre histoire. »
 

 

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