Des Poitevins parviennent à cibler les cellules tumorales

L'annonce est tombée ce soir, comme si de rien n'était. Des chercheurs de l'université de Poitiers sont parvenus à créer une nouvelle molécule thérapeutique qui ne s'attaque qu'aux cellules malades. A terme, les effets secondaires désagréables des chimiothérapies classiques seraient donc considérablement réduites.

Romain Mudrak

Le7.info

La molécule active était connue, mais elle ne frappait pas forcément au bon endroit. Surtout, pour éliminer les cellules tumorales, on abîmait la plupart du temps les tissus sains. Désormais, des essais in vivo sur des souris ont démontré la possibilité de cibler précisément la tumeur. Autrement dit, grâce à un système de "tête chercheuses" mis au point par les scientifiques poitevins, la molécule active (un agent cytotoxique, la MMAE, découverte à partir d'un mollusque marin) est transportée jusqu'au point d'impact. Mieux, en cas d'échec, elle est éliminée dans l'urine au lieu de rester dans l'organisme.

 

"Ce système est programmé pour détecter le récepteur membranaire de l'acide folique, qui est exprimé à la surface de nombreuses cellules malignes, pénétrer sélectivement par endocytose au sein de ces dernières, déclencher la libération de l'agent cytotoxique MMAE qui est alors immédiatement activé", apprend-t-on dans le communiqué diffusé par l'université.

Les tests ont été réalisés sur des souris. Comme on peut le voir sur la photo, à partir du 21e jour, la tumeur n'est plus visible à l'image chez les animaux traités avec le vecteur alors qu'elle a progressé dans les autres groupes d'animaux. Cette découverte peut engendrer de grands espoirs chez les patients. "A première vue, ce procédé serait plus efficace sur les cancers des ovaires, des poumons et une autre forme de pathologie qu'on appelle la leucémie myéloïde aiguë", note Sébastien Papot, maître de conférences à Poitiers. Le responsable du programme "Systèmes moléculaires programmés" au sein de l'Institut de Chimie des milieux et des matériaux nuance toutefois en précisant qu'il existe plusieurs formes de cancers et qu'il faudra du temps avant que des essais soient réalisés sur l'Homme.

En revanche, deux éléments vont dans le sens d'une mise sur le marché rapide d'un médicament : d'une part, les molécules actives ont déjà été validées. D'autre part, la firme pharmaceutique Merck vient de racheter le brevet d'un "agent pronostic" capable de définir quel tumeur réagira à quelle molécule. Si elle décidait de s'intéresser au moyen d'emmener la molécule au coeur de la tumeur, le dossier pourrait avancer très vite.

Pour Sébastien Papot, "il va falloir reprendre toutes les molécules validées pour leurs effets thérapeutiques pour les associer à un vecteur efficace." C'est un axe de développement vers lequel va s'orienter la recherche. Le premier, et le seul, médicament "vectorisé" de ce genre est sorti il y a tout juste un an.

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