Questions claires pour salles obscures

C’est désormais certain. Le cinéma CGR de Fontaine le Comte sera inauguré le 17 octobre. Après le temps des polémiques, place à la course aux entrées. Analyse des forces en présence.

Florie Doublet

Le7.info

Un monopole gênant ?
Ce n’est pas une surprise, la société Cinéma Georges Raymond (CGR) domine l’offre cinématographique à Poitiers. En octobre, le groupe exploitera vingt-cinq écrans sur les vingt neuf dont dispose la ville, soit 4380 fauteuils contre 630 pour le Tap et le Dietrich. « CGR se retrouve dans une position dominante renforcée (…), sans que ne soit offerte, aux autres exploitants, une situation qui tienne compte de leurs besoins », déplore l’association de cinéma d’art et essai (Acor). Le Pdg de la société CGR, Jocelyn Bouyssy, n’y voit « pas véritablement de problème ». « L’art et essai à Poitiers n’est pas menacé… »

Une nouvelle clientèle ?
L’attrait de la nouveauté risque de pousser une partie des spectateurs du Méga CGR de Buxerolles vers le complexe de Fontaine le Comte. « Nous souhaitons voir émerger un nouveau type de spectateurs, qui n'avait peut-être pas l'habitude d'aller voir des fims, explique Jocelyn Bouyssy. La population du sud de Poitiers aura accès à un cinéma plus facilement. » Le Pdg table sur 300 000 entrées annuelles à Fontaine le Comte. Buxerolles en comptabilise aujourd’hui 650 000. « Une concurrence stimulante », selon Stéphane Boffé, son directeur.

Et le Castille là-dedans ?
Avec l’émergence du CGR de Fontaine, se pose la question de l’avenir du Castille. Pour Benoît Duport, l’impact sera minime. Lui qui assumera la double direction évoque « des publics différents ». « Le Castille n’accueille que très peu de familles, par exemple. » Et pour cause, la programmation y est moins « commerciale » et davantage tournée vers les films français ou en version originale.

L’art et essai menacé ?
En décembre prochain, le Tap devrait investir le Castille. Le cinéma indépendant disposera de trois salles au lieu d’une. « Nous pourrons ainsi offrir une programmation éclectique et variée », se félicite le directeur du Tap cinéma, Aldric Bostffocher. De son côté, Marjorie Dangel, présidente du Diétrich, espère que le groupe CGR tiendra parole et « ne mettra pas à l’affiche de films art et essai porteurs, tels que Tarantino, Almodovar ou Allen. » «Ce type de programmation, assure-t-elle, nous permet de faire des entrées et de rééquilibrer nos finances pour ensuite proposer des films plus confidentiels».
 

Des années de polémique

À Fontaine le Comte, le débat autour du village loisirs a fait couler beaucoup d’encre. Petit résumé des épisodes précédents. 2009. Le dossier d’un « pôle loisirs », peaufiné pendant trois ans, est rejeté par la Commission nationale d’équipement commercial. 2010. Reprise des négociations entre Alain Claeys, maire de Poitiers et président de Grand Poitiers, et Jocelyn Bouyssy, Pdg de CGR. Le feu vert est finalement donné. 2011. Un recours est déposé par une association de cinéma d’art et essai (Acor), qui s’émeut du peu de places accordées à la production indépendante. Au bout de plusieurs mois, un protocole d’accord est signé entre le Tap, le Dietrich et le groupe CGR. 2012. Le cinéma CGR sort de terre, malgré un retard de trois mois dans les travaux.

 

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