Le tarmac privatisé

La Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne va céder l’exploitation de l’aéroport de Poitiers-Biard à un nouvel exploitant privé. Le prestataire sera désigné le 18 septembre. Quelles seront les conséquences sur le trafic ? A Tours, trois destinations ont ouvert en deux ans.

Romain Mudrak

Le7.info

L’appel à candidatures est terminé. Depuis le 20 août, le syndicat mixte, propriétaire de l’aéroport de Poitiers-Biard, connaît les prétendants à l’exploitation de son site. Plusieurs se sont montrés très intéressés, à en croire le président du syndicat, le conseiller général André Sénécheau : « Nous avons les meilleures installations. Cette infrastructure peut accueillir 300 000 passagers, contre 125 000 aujourd’hui. De plus, l’aéroport est ouvert 24/24 et se situe à proximité de l’autoroute et de la gare. » L’élu refuse de dévoiler les noms des postulants. Et pour cause, le concessionnaire pour les sept années à venir sera désigné le 18 septembre.

Une chose est sûre, à partir du 1er janvier 2013, le syndicat mixte concèdera l’exploitation du tarmac de Poitiers-Biard à une société privée. En juillet 2011, un rapport de la Chambre régionale des comptes pointait « l’ambiguïté » du rôle de la Chambre de commerce et d’industrie de la Vienne, à la fois « délégataire de la concession d’exploitation de l’aéroport et membre du comité syndical » au côté du Conseil général et de Grand Poitiers. À la suite de cet épisode, la CCIV a annoncé à ses partenaires sa volonté de renoncer à l’exploitation du site et d’engager un processus de délégation de service public.

Le prestataire amène son réseau


L’autre solution aurait consisté à créer une régie publique. Une erreur, selon André Sénécheau : « Un privé veut gagner
de l’argent tandis qu’une collectivité cherche à équilibrer les comptes. Quand on veut développer un aéroport dans un environnement ultraconcurrentiel, cela fait toute la différence.
» Il y a quelques semaines, le directeur de la CCIV, Yves Louzé, indiquait de son côté : « Quel que soit l’exploitant, notre aéroport profitera de son carnet d’adresses pour grandir. »

L’histoire de l’aéroport de Tours-Val de Loire tend à confirmer cette idée. Depuis l’arrivée aux commandes de la société canadienne SNC Lavallin, Manchester, Ajaccio et Southampton ont fait leur apparition sur la carte des destinations. Après un résultat décevant en 2011, le trafic devrait progresser de 22% cette année, pour atteindre les 150 000 passagers. La directrice du syndicat mixte, Isabelle-Guérault, semble satisfaite de cette délégation de service public : « Le prestataire gère plusieurs sites et dispose d’un réseau de compagnies aériennes et de tour operators que nous n’avons pas. Mais au-delà, il faut dire aussi que le temps commercial n’est pas le temps administratif et politique. Les décisions se prennent plus vite. » La SNC Lavallin a également réalisé, à ses frais, d’importants travaux d’agrandissement : parking, espace commercial, hall de départ. Son objectif ? Atteindre au moins les 250 000 passagers d’ici la fin de la concession, en 2022.
 

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