mardi 24 décembre
A 23 ans, la nageuse poitevine Alicia Mandin s'apprête à participer à ses premiers Jeux paralympiques, à la fin du mois, à Londres. La championne du monde 2007 du 50 mètres brasse y repoussera les limites de son handicap.
Au bord de la piscine du Creps de Boivre, à Vouneuil-sous-Biard, Alicia Mandin, en maillot de bain rose vif, attend son entraîneur. Il est 9h10 et Bertrand Sébire accuse quelques minutes de retard. « Je vais me prendre une réflexion », prévoit, en rigolant, l'homme qui la coache depuis neuf ans. « Bah alors ! Qu'est-ce que tu faisais ? », s'enquiert logiquement la nageuse de 23 ans.
Dans quelques jours, elle s'envolera vers Londres pour participer aux Jeux paralympiques qui démarrent le 29 août. La jeune femme souffre de dyslexie et d'épilepsie. Cette maladie lui a longtemps provoqué des absences, mais «cela va beaucoup mieux grâce aux médicaments ». Sa qualification aux Jeux reste un exploit. Elle a repris l'entraînement depuis seulement un an, après une pause de dix-huit mois. Elle souhaitait se consacrer à ses études et passer un CAP multispécialité-vente, qu'elle a obtenu.
Donner une visibilité au handicap
Son retour dans les bassins s'est passé dans la douleur. Les « clashs » entre Bertrand et Alicia étaient nombreux. « J'ai mon caractère et mes exigences, justifie l'entraineur. Et puis, je ne l'avais pas vue grandir. C'est une femme désormais, elle ne se laisse plus parler comme à une enfant. » Le mentor se montre très fier de son élève. « Je sais de quoi elle est capable, elle a été plusieurs fois championne de France et même du monde sur le 50 mètres brasse en 2007 ! Je vais tout faire pour qu'elle obtienne une médaille au 100 mètres brasse. »
Pour cela, Alicia doit nager, encore et encore, avant le jour J, le 2 septembre. La séance d'entraînement de ce jeudi s'annonce difficile. La sportive, à force d'efforts et de fatigue, a très mal au dos. Mais Bertrand ne laisse rien passer. « Et si cela arrive le jour de la compétition. On fera comment ? » Alors Alicia se jette à l'eau et enchaîne les longueurs.
À quoi pense-t-elle lorsqu'elle plonge dans la piscine ? « Sûrement pas aux JO ! Je ne veux pas me mettre la pression. Je pense que je prendrai conscience de ce qui se passe une fois sur place. » Les performances de Camille Muffat et Yannick Agnel la subjuguent : « Ils cartonnent, c'est génial. Cela me donne encore plus envie de faire de bons temps. » Alicia n'a aucune envie d'être sous les feux des projecteurs. Si elle décroche une médaille, elle espère simplement que le public et les médias parleront davantage des jeux paralympiques. «On mérite la même visibilité. Le handicap n'empêche pas d'être un bon sportif. » Alicia en est le parfait exemple.
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