Evan Fournier, <br>récit de l’intérieur

Drafté la nuit dernière par les Denver Nuggets en 20e position, l’ex-arrière poitevin Evan Fournier a vécu quinze jours de folie aux Etats-Unis. Notre correspondant Jeffrey Arsham nous raconte « sa » draft.

Arnault Varanne

Le7.info

La cérémonie annuelle se déroule dans une pagaille indescriptible. La salle de sport a été reconvertie en gigantesque salle de presse. En dehors des apparitions systématiquement houspillées du président de la NBA David Stern, qui se charge d’annoncer l’identité des gagnants de la « loterie », la scène échafaudée est quasiment vide. C’est à côté et sur les écrans tout un haut, que les noms des heureux élus sont affichés.

Au regard des milliers de spectateurs égaillés aux quatre coins de la salle, les joueurs candidats à la sélection semblent avoir drainé leurs contingents de supporters qui crient à tue-tête au moment nommé… Dans des hauts parleurs, un expert non identifié entonne les louanges des jeunes « draftés ». Tous cumuleraient qualités individuelles et sens caractérisé de la primordialité de l’équipe. Des compétiteurs à vocation offensive seraient également bourrés de potentiel sur le plan offensif.

Pendant tout ce temps, des spectateurs dévorent des sandwichs, ingurgitent des boissons fraîches et bavardent à tout va. C’est dans une ambiance bon enfant que les destins des uns et des autres sont divulgués. Sélectionné lors du premier tour par l’une des trente équipes de la NBA, un jeune joueur (âgé de 23 ans grand maximum) est assuré de signer un contrat de trois ans. Quant aux suivants, d’âpres négociations vont s’ensuivre. On se demande qui se rend compte de l’importance, voire de l’énormité de l’enjeu.

Simplicité, sincérité, fraîcheur

Sur ma table de travail en haut du Prudential Center -qui sera consacré dès l’automne au seul hockey sur glace-, je me dis qu’en suivant la soirée à tête reposée sur ESPN, je serais sûrement mieux à même de tenir le fil d’un rite made for television. Aperçue de loin, la jeunesse des futurs professionnels n’en saute pas moins aux yeux. Ceux qui ont terminé leur cycle d’études universitaires de quatre ans sont l’exception qui confirme la règle.

Ayant fait pendant deux semaines plus que mouvementées le tour de nombreuses franchises de la NBA, Evan Fournier n’est arrivé à New York que la veille du jour « J ». Puisque son costume de ville avait été égaré lors de je ne sais quel déplacement décidé à la dernière minute, il fallait de toute urgence trouver une solution de rechange. On ne badine pas avec la tenue vestimentaire des néo-professionnels !

Les discours de remerciement des joueurs sélectionnés ont souvent le même son de cloche. Citons Harrison Barnes (Golden State Warriors) : « Je me sens béni de me trouver là où je suis. Lorsque je repense à mes années de collège et de lycée, il y avait de fortes chances pour que je ne devienne pas le joueur que je suis aujourd’hui. Je suis tout simplement ravi d’être ici et, quel que soit mon plafond, je vais très certainement faire de mon mieux en vue de l’atteindre. » Aucun joueur ne s’avoue déçu de devoir faire partie d’une équipe qui n’est pas celle de son cœur...
Et puis, alors que sa sélection lors du premier tour n’avait rien de prédestiné, le vingtième élu sort du chapeau. Il s’appelle… Evan Fournier. Il réagit face aux journalistes anglophones puis francophones avec la simplicité, la sincérité et la fraîcheur qui le caractérisent. Loin de s’étendre sur "je ne sais quel rêve réaliser", l’ancien Poitevin mentionne le travail acharné qui n’a pas tardé -il n’a pas encore 20 ans- à porter ses fruits.

Photo Max Favard/7apoitiers

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