mardi 24 décembre
C'est désormais officiel, le Stade poitevin volley-ball retrouvera le niveau amateur à la rentrée prochaine. Au mieux en Nationale 1, si la mise en liquidation judiciaire de la section pro est rapidement entérinée...
Pour un peu, l'enterrement de première classe qu'on lui prédisait aurait vibré au son enjoué d'un nouveau titre national. Tours, il y a un mois, en a décidément autrement. Et c'est finalement mieux comme ça. Au moins les regrets ne s'ajouteront-ils pas à l'énorme sentiment de gâchis et d'écoeurement qui habite aujourd'hui tous les aficionados poitevins.
Un vrai gâchis, oui, que cette sortie de route, hélas prévisible, de l'un des monuments historiques du volley français. Et un écoeurement que la conférence de presse de cet après-midi ne permettra sûrement pas de diluer. Passe pour la solennité de la présidente par intérim, Odile Chauvet, tout à sa peine "de n'avoir pas réussi à faire avec le volley professionnel ce qu'elle était parvenue à réaliser avec le rugby promotionnel". Passe encore pour l'acte de contrition du président démissionnaire, Thierry Février, répétant à qui voudrait encore l'entendre, rouge aux yeux, que son équipe s'est investie jour et nuit et n'a creusé aucun déficit en deux ans. Passe toujours pour les sempiternels requiems du troisième président, de la Ligue celui-là, Didier Sapin, expliquant, en gros, qu'il n'y a pas de honte à revenir au statut amateur et que le chemin de la N1 à la Pro A "n'est pas si long".
A force de passer, on finit par ne plus attaquer. Un comble pour un volleyeur. Une hérésie pour tout un peuple qui ne cesse de se demander "comment on a pu en arriver là." Et pour des salariés qui cherchent toujours à savoir, sans doute pour de longues semaines encore, à quelle sauce ils vont être bouffés.
Les salariés dans l'attente
Oui, la section pro du stade poitevin va disparaître. Car telle est sa porte de sortie. Sa seule bouée de sauvetage pour apurer le lourd passif qui lui colle aux basques. Les contrats de ses joueurs (Lopes et Sol) vont être bloqués, celui de son entraîneur non renconduit. Lui-même ne sait pas quelle suite donner à sa carrière. Lui-même ne comprend pas que les promesses d'un avenir meilleur se soient évanouies dans les intérêts spéculatifs. Aujourd'hui, c'est tout un pan de l'histoire du sport poitevin qui avance au bord du gouffre. Sans que l'on sache ni comment, ni avec qui il pourra en ressortir.
La Nationale 1, au mieux (si la liquidiation est sanctionnée et si l'inscription peut se faire à temps), se profile à l'horizon du double champion de France et double vainqueur de la coupe. Non, Monsieur Sapin, il n'y a pas de honte à redescendre de deux étages pour réimpulser l'élan de la sagesse et de la transparence. Mais on aurait tellement préféré que ces deux qualités-là président durablement aux destinées du Stade. Plutôt que d'enliser le candide dans les jeux d'écritures, les discours politiquement dissonants sur les subventions, voulues, réclamées, coupées en deux ou non allouées, et l'espoir d'un sauvetage rapidement devenu impossible. Pour reconstruire un jour, il faudra se souvenir de tout ce qui a concouru à démolir.
Attestation d'expert comptable en mains, le président démissionnaire, Thierry Février, a tenu à préciser que son équipe et lui-même n'avaient creusé aucun déficit depuis leur prise de fonction, il y a deux ans. "Ce déficit était de 330 000 euros à l'époque, a-t-il rappelé. Le résultat net comptable arrêté en mai, alors que l'exercice sera clos fin juin, est de -357 000 euros. Cette attestation mentionne les justificatifs de subventions non encore versées, comme les 150 000 euros de la Région ou les 39 000 euros de la Ligue des Champions." Sur la première année, le club aurait dégagé un bénéfice de 79 000 euros et amorti, sur la deuxième, le financement de sa participation à la Ligue des Champions (120 000 euros) et les comptes d'exploitation du centre de formation (70 000 euros)." Malgré cela, on arrive sensiblement à l'équilibre, persiste Thierry Février. On ne peut donc pas nous reprocher d'avoir manqué à nos promesses d'économie, encore moins d'avoir vécu au-dessus de nos moyens. Personnellement, j'ai coûté 59 euros au club en deux ans, l'équivalent d'un billet aller-retour à Paris pour me rendre à la DNACG. Hélas, la fusion-absorption de la section amateur nous a mis la tête sous l'eau." Les prévisions, non remplies, de croissance du partenariat privé et des entrées aux matches auraient au-delà continué à fragiliser la trésorerie. "Nous avons longtemps nourri l'espoir de nous en sortir, dixit Thierry Février, mais c'était devenu impossible."
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