mardi 24 décembre
Le 11 juin, le patron des pompiers de la Vienne partira en service commandé, pendant quatre ans, en Chine. Le colonel Brisset aura pour mission d’organiser la sécurité civile et de former, dans chaque province, des cadres aptes à gérer les catastrophes.
On appelle cela l’effet papillon. Ou comment un tremblement de terre de l’autre côté de la planète peut bouleverser la vie d’un homme, ici à Poitiers. En 2010, un séisme de très forte magnitude a provoqué la mort de 150 000 personnes dans une province chinoise isolée. Incontestablement, une partie des victimes aurait pu être sauvée, si les secours étaient parvenus à coordonner leurs actions. Le gouvernement chinois a donc décidé de prendre les choses en main. Et plutôt que de « réinventer la poudre », a sollicité l’aide de l’Europe.
La France a rapidement été désignée pour l’efficacité de son modèle de sécurité civile. Il fallait un « team leader », le colonel Brisset a été choisi. « J’ai l’expérience du terrain, explique le patron des pompiers de la Vienne. En tant que directeur départemental des services d’incendie et de secours, j’élabore des budgets et des stratégies. J’ai aussi l’habitude de rendre des comptes aux élus et aux autorités d’Etat. Cette dimension politique a plaidé en ma faveur. »
« L’université des désastres »
Patrice Brisset s’envolera le 11 juin. Pendant les prochaines années, on ne le reverra que très rarement sur le marché de Neuville-de-Poitou, où il conservera sa résidence principale. En Chine, sa mission ne ressemblera en rien à un séjour touristique. Primo, il élaborera un schéma de gestion des crises, avec les gouverneurs de province et leurs conseillers. Autrement dit, des hommes à la tête de territoires souvent deux ou trois fois plus vastes et plus peuplés que la France. « Je pars avec un énarque qui va décortiquer les lois chinoises pour m’aider à élaborer une organisation administrative des services », précise le colonel. Une sorte d’échelle de hiérarchie, qui facilitera la mobilisation des équipes de secours en cas d’inondation, de séisme…
Fort de son expérience française, l’officier créera des centres opérationnels d’urgence dans ces provinces et édictera les moyens humains et matériels nécessaires au bon fonctionnement d’un service de sécurité civile. Last but not least, le Neuvillois participera à la conception de modules de formation dispensés au sein d’une « université des désastres » (sic). De là, sortiront, dans quatre ans, une vingtaine de cadres de niveau doctorat (bac+8), qui prendront les commandes des services provinciaux de sécurité civile imaginés par le colonel Brisset.
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