mardi 24 décembre
Révélée par le « 7 » en novembre dernier, la destruction du mur entourant la prison de la Pierre-Levée a débuté dans le calme. Une œuvre d’art prendra sa place à gauche du portail. Elle symbolisera la réinsertion, nouvelle vocation de l’établissement.
L’enceinte de la Pierre-Levée est tombée. Un trou béant laisse désormais apparaître la tourelle de la prison. Juste au-dessous, un bâtiment très récent tranche avec l’architecture de l’édifice classique érigé en 1906. L’établissement a vocation à se transformer en quartier de semi-liberté, ouvert sur le monde, à partir du second semestre 2012. Alors décision a été prise d’abattre une partie des murs. Symboliquement. L’impressionnant chantier a débuté en fin de semaine dernière. Les voisins n’ont pas pu ignorer la métamorphose. Marie-Thérèse Fleury, véritable mémoire vivante du quartier, a eu «mal au cœur» quand elle est passée sur le boulevard du Pont-Neuf ce week-end. Enfant, cette Poitevine venait faire paître sa chèvre dans le champ qui entourait la prison : « Ma grand-mère a vu le mur se construire. Mais, j’avais surtout peur que la plaque sculptée par mon père ne disparaisse. Il l’avait réalisée en l’honneur
des résistants incarcérés dans ce lieu. » Cette plaque se situe encore à gauche du portail.
Pour une grande partie des riverains, la prison est un monument historique. Le théâtre d’événements dra- matiques pendant la Seconde Guerre mondiale et d’épisodes joyeux, comme la messe de Minuit, traditionnellement célébrée par l’ex-Archevêque de Poitiers, Mgr Rouet. Le président du comité de quartier « Autour du Pont-Neuf », Didier Longueville, assure qu’il ne « croule pas sous les coups de téléphone de personnes alarmées ». C’est sûrement pour
conserver cette atmosphère sereine qu’un mystère plane toujours au-dessus de l’avenir de la prison. L’association de quartier n’a d’ailleurs jamais été concertée. Les autorités pénitentiaires refusent toujours d’expliquer pourquoi le mur a été détruit. Selon nos informations, une œuvre d’art prendra place à l’angle des rues du Petit Tour et du Pont-Neuf. Ce serait une première en France. Toutefois, là encore, aucune confirmation officielle. L’artiste local, formellement désigné, ne veut pas non plus parler. Et son nom ne doit pas apparaître. De sources sûres, cette sculpture monumentale sera constituée de grands pilastres sortant du sol. Des silhouettes humaines traverseront ces « barreaux » géants dans un sens et dans l’autre. Le tout sera fabriqué dans un atelier de charpente métallique poitevin. Cette réalisation symbolisera l’idée que tout le monde est susceptible d’effectuer un séjour en prison… mais qu’il est aussi possible de se réinsérer.
Objectif réinsertion
En revanche, on en sait un peu plus sur les nouvelles missions de la Pierre-Levée. Lesquelles provoquent aussi le débat au sein des services du ministère de la Justice (voir le n°100, du 16 novembre 2011). D’ici quelques semaines, l’établissement accueillera trois entités: un quartier de semi-liberté où les détenus, condamnés à de courtes peines, dormiront la nuit avant de partir travailler le jour; un Centre pour peines aménagées (CPA), dédié aux détenus
proches de la sortie qui veulent préparer leur réinsertion après un long séjour en cellule; et, enfin, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip), qui veillera à l’exécution de mesures alternatives à l’emprisonnement. Quelle que soit l’issue de ce débat, on peut d’ores et déjà imaginer que la destruction du mur de la Pierre-Levée fera causer, dimanche prochain, dans les allées du Grand Bazar, le vide-grenier organisé à, l’extérieur du Confort Moderne.
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