mardi 24 décembre
Il y a quatre ans, Alain Gautier a fait le choix du travail à temps partiel. Son boulot ? Conduire chaque jour à l'école des enfants souffrant de handicaps. Un métier peu connu et, assure-t-il, « très dévalorisé ».
Sa vocation militante n'est sans doute pas née d'hier. Mais c'est seulement aujourd'hui que sa fibre syndicale éclate au grand jour. Parce que la cause qu'il défend est celle d'une profession en proie « au doute et à l'injustice ».??Depuis quatre ans, Alain Gautier est conducteur scolaire à temps partiel. Quinze heures par semaine. Un choix volontaire. « A la naissance de mon troisième fils, j'ai pris un congé parental de trois ans, découvrant les joies d'une autre vie, plus proche de mes enfants et de ma famille. » A échéance, trouver un travail de complément s'est imposé comme une évidence. « Ce que je fais aujourd'hui correspond tout à fait à mes besoins et mes orientations personnelles. » ??Sa spécialité : l'accompagnement, en établissements disposant de Clis (Classes pour l'inclusion scolaire), d'enfants de 7 à 11 ans souffrant de déficiences mentales légères et de retards scolaires. Autisme, dyslexie, troubles du comportement, hyperactivité, absence de mémorisation ou d'attention... Sa « clientèle » est en souffrance et manque d'autonomie. Lui noue chaque jour le contact, sur une « tournée » aller-retour qui le conduit de Saint-Georges-lès-Baillargeaux à l'école Damien-Allard de Poitiers, via Saint-Eloi, Beaulieu, la Cathédrale et le Pont-Neuf. Cinq gamins à prendre quotidiennement en charge. Et des obligations, contractuelles et humaines, à remplir. « La dimension sociale de ce travail est essentielle, explique l'ancien ingénieur commercial. Parler, comprendre et régler les problèmes, assurer la sécurité, à la montée et à la descente de mon 7 places, n'est jamais de tout repos. Mais c'est d'une richesse absolue. »
Lettre au Conseil général
Pour l'observateur lambda, le décor paraît idyllique. Mais pour Alain et l'ensemble de ses collègues du département, la situation devient insupportable. « Car l'entreprise nationale qui nous emploie ne respecte pas le code du travail et notre convention collective. » L'attaque est d'autant plus virulente qu'Alain Gautier agit désormais sous la casquette de délégué syndical. « Le recrutement se porte généralement sur des sans-emploi, des retraités, des personnes au RSA, des handicapés. Leur vulnérabilité, induite par une situation financière souvent précaire, les empêche la plupart du temps de réclamer leur dû. Sans doute par peur de représailles. Cela ne peut plus durer. » ?Il y a quelques jours, le Don Quichotte Gautier a envoyé au Conseil général, donneur d'ordre dans la prise en charge des jeunes confiés aux soins des « conducteurs », un courrier mettant en exergue les manquements de la société incriminée. Et que la collectivité paie. ?Jours d'intempéries non comptabilisés, jours fériés impayés, feuilles de route égarées, avances sur carburant tronquées... La liste des griefs est longue comme un jour de pluie. « J'espère que le Conseil général va prendre conscience que la société pour laquelle nous nous démenons tous les jours se fout de lui et qu'elle se fait de l'argent sur son dos, sur le nôtre et celui des familles qui nous font confiance. » Un préavis de grève a d’ores et déjà été déposé pour le 17 mai. Ce jour-là, Alain Gautier sera premier de cordée « pour que justice soit rendue ».
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