En remportant son neuvième succès de la saison face à une faible équipe de l’Asvel (73-62), le PB86 a décroché son maintien en Pro A à trois journées de la fin. Presque inespéré au regard du scénario de la première moitié de championnat.
Avant le coup d’envoi de ce match à (gros) enjeu, le PB était fixé sur son sort. Une victoire face à l’Asvel, conjuguée à une défaite de Pau contre le leader gravelinois, offrait de facto aux troupes de Ruddy Nelhomme un nouveau bail en Pro A la saison prochaine. Si près de son objectif avoué de la saison, le PB en aurait presque calé ! Le stress en guise de moteur, Poitiers démarre façon diesel, plombé par les missiles de Thompson (4-10, 4e) et victime de ses approximations. Hélas pour les hommes de Pierre Vincent, leur entame convaincante fait long feu, après la troisième faute (technique) prématurée récoltée par Westermann (6e).
Sans son maître à jouer, l’Asvel subit les foudres du duo Dobbins-Grant (8pts en dix minutes). Le doyen du soir se permet met de claquer un dunk ligne de fond sur la tête du pauvre Jean-Charles. Bref, le PB creuse un premier écart (19-14, 10e), sans pour autant afficher une sérénité à toute épreuve. La preuve puisque, dès la reprise, Devéhat et les siens calent sur la zone proposée par l’ancien gourou du Poitou. Le nouveau panier primé de Thompson (21-21, 15e) sonne comme un premier avertissement. Un 2-11 plus tard (de 21-16 à 23-27), Grant puis Younger appuient à nouveau sur l’accélérateur, tandis qu’Armstrong, le taulier villeurbannais à l’intérieur, écope de sa troisième faute. Il n’en faut pas plus pour que Guillard ajuste la mire, avant que Dobbins ne parachève ce deuxième acte d’un smatch ligne de fond stratosphérique (34-31, 20e).
Dobbins au four et au moulin
Nanti d’un matelas guère épais à la pause, le PB s’offre un nouveau ballon d’oxygène grâce à Wright et Grant, encore lui (39-31, 22e puis 43-33, 24e). Larguée pour de bon l’Asvel ? Que nenni ! A l’image de Guillard, trop facile sur contre-attaque, le PB se laisse endormir par le faux-rythme imposé par la maison verte et ce métronome d’Armstrong (13pts, 7rbds). Du coup, au lieu de faire fructifier son avance, Badiane and co voient… Armstrong puis Haristopoulos leur souffler dans la nuque (46-45, 29e). Heureusement, Fournier remet les gaz opportunément à trois points, son deuxième de la soirée (49-45, 30e).
Le quatrième quart redémarre sur cette même impression d’inachevé. Excepté Dobbins, étincelant au poste 1 et altruiste en diable (8pts, 11rbds, 4 int, 5pds), le reste de la colonie poitevine se rend coupable de quelques largesses dont profitent notamment Edwin Jackson. Transparent jusque-là, le fils de Skeeter plante deux banderilles successivement pour ramener les siens à une longueur (59-58, 36e). Sa troisième tentative, un poil gourmande, fait pschitt. Un pêché de jeunesse sans doute. Le même dont Tillie fit preuve quelques secondes plus tôt, écopant d’une antisportive sur Guillard. Lequel, en plus d’enquiller un lancer se paya le luxe de rentrer son troisième « triplé » de la soirée (62-58, 38e). Badiane (16pts, 5rbds) acheva le travail intelligemment au grand dam de Pierre Vincent. Les 4 500 âmes des Arènes pouvaient exulter… doublement en découvrant le résultat de Pau-Gravelines (71-88). Une défaite synonyme de maintien en Pro A. Ça valait bien un arrosage en règle de Ruddy Nelhomme. Quel suspens ! Quelle saison !
La fiche
A Poitiers, salle des Arènes. 4500 spectateurs. PB86-Asvel : Mi-temps : 34-31
Evolution du score : 19-14, 34-31, 49-45, 73-62. Arbitrage de MM. Mateus, Pierre et Creton.
La marque
PB86 : Miller (3), Dobbins (8), Fournier (11), Guillard (), Badiane (16), Wright (4), Grant (13), Devéhat (2), Younger (4). Entraîneur : Ruddy Nelhomme.
PARIS : Armstrong (13), Westermann (7), Jackson (9), Thompson (12), Tillie (9), Haritopoulos (11). Entraîneur : Pierre Vincent.
Photo Seb Jawo
Ils ont dit…
Pierre-Yves Guillard (intérieur du PB86) : « Ce soir, nous étions là dans l’intensité, au rebond... C’était le plus important. Après, sur la qualité du jeu, ce n’était pas extraordinaire. Mais nous avons gagné ce match grâce à notre défense. Ce soir, c’est une grosse satisfaction d’avoir obtenu le maintien. C’était une saison dure, mais on est tranquille pour les trois derniers matchs. (…) Sur la deuxième partie de saison, je retiens cet esprit de révolte. »
Pape Badiane (pivot du PB86) : « Encore une fois, on assiste à un championnat bizarre. On se maintient la saison dernière avec douze victoires, neuf cette saison. Il y a du positif malgré tout le négatif. On savait que l’Asvel jouait les play-offs, que ce serait un match bourbier. C’est un peu notre terrain de jeu, même si ce n’était pas très beau à voir. »
Léo Westermann (meneur de l’Asvel) : « Sur la deuxième mi-temps, il y a eu beaucoup de up and down, mais, à chaque fois, nous avons fait des trucs bêtes comme la technique, les antisportives… Ma technique ? J’ai fait une erreur, je n’aurais pas dû contester. Le coach me le dit souvent. Ce n’est pas à un petit con de 19 ans de contester les décisions d’arbitre ! Pour les play-offs, on est déçus… »
Pierre Vincent (entraîneur de l’Asvel) : « Déjà que nous n’avons pas beaucoup de joueurs alors, quand on est privés de ses joueurs majeurs, ça devient compliqué. Ce qui est difficile, c’est d’avoir des joueurs qui ne connaissent pas suffisamment le jeu. On revient, on les fait douter. On a une situation en post-up avec JJ Miller sur Léo sous le cercle et on s’amuse à jouer le un contre un. Après, il y a cette technique, deux antisportives… (…) Il y a des joueurs qui voudraient être parfaits, qui pensent l’être, qui ont une estime d’eux-mêmes peut-être supérieure à ce qu’ils sont. C’est difficile de gagner des matchs à l’extérieur. Il faut contrôler ses émotions. Hilton nous coûte cher à la fin, mais je ne peux pas me priver de lui. (…) Poitiers ? Je suis content pour eux, même si je ne suis pas content de perdre. »
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « Il y a une vraie fierté par rapport ce que les joueurs, le club, les dirigeants, salariés et supporters ont fait. Les supporters sont restés tout le temps fidèles alors que c’était difficile. On vient de valider notre quatrième saison en Pro A, ça fait plaisir. D’autant plus qu’on est passé un moment pas loin du précipice. On a su trouver la force, l’énergie de pouvoir rester dedans. Maintenant, ce serait bien de terminer sur une ou deux victoires supplémentaires même face à de grosses équipes. Avec ces douze défaites consécutives (Ndlr : avec la coupe de France), on a vécu des moments qu’on n’avait jamais vécus. Il faut se remettre en cause et avancer. On avait des certitudes par rapport à la façon dont le groupe a été construit. Quand on perd, c’est là qu’on voit si les joueurs peuvent être respectueux, fidèles, se remettre en cause… »