Pris d’entrée à la gorge, le tenant du titre poitevin n’a quasiment jamais existé, ce samedi soir à Coubertin. Tours tient sa revanche. Poitiers a une saison pour ruminer la sienne.
Il est des défaites contre lesquelles on ne peut raisonnablement s’élever. Celle subie, ce soir, par le Stade poitevin relève de la plus pure des logiques. Il n‘y a effectivement pas eu photo entre ce tenant-là, hésitant, parfois apathique, en tout cas gêné aux entournures par la puissance adverse, et un TVB survolté par le devoir de reconquête.
Un an après le sommet en cinq actes de mai 2011, le décorum n’avait pourtant en rien changé. Quelques dizaines de supporters en plus de chaque côté et une folie douce embrasant les travées de Coubertin. Le remake promettait donc un rappel de bons sentiments. Ce à quoi Poitevins et Tourangeaux s’attachaient immédiatement. D’un même élan, Smith au service et Maréchal en pipe donnaient le ton. Sol y allait même d’un « flottant gagnant » pour offrir au tenant du titre son premier avantage (4-3). C’est pourtant Tours, sur des aces des deux Konecny, qui larguait le premier les amarres (10-7).
David Konecny hors normes
Adossé à une belle qualité d’engagement, le premier de la phase régulière appuyait même sur le champignon, dans le sillage d’un David Konecny incroyable d’efficacité. Chahuté en réception, fragilisé au filet, le Stade poitevin n’avait pas, à cet instant de la partie, les armes pour lutter. Une superbe série au service de Lopes lui redonnait pourtant l’espoir (17-19), mais c’était pour mieux retomber dans ses travers. L’entrée de Wanderson sur Lopes n’y changeait rien, le SPVB s’inclinait logiquement, sur une attaque de Cala au centre (20-25).
Comme il y a douze mois, Poitiers se retrouvait au pied du mur. Comme il y a douze mois, il lui fallait colmater les brèches et surtout endiguer l’insolente réussite de D. Konecny aux ailes. Réponse immédiate : l’arrière- garde noire resserrait les boulons pour atteindre le temps-mort technique sur un maigre avantage (8-7). A coeur d’un mano a mano de plus en plus intense, le premier à lâcher prise cèderait sans doute définitivement le morceau. Teixeira et Gonzalez se déployant en défense, nul ne trouvait la parade. Jusqu’à… Jusqu’à cette saillie de Cala au service (17-15). Deux points d’écart. Tout à la fois brin de paille et gouffre. Le premier brûlait, le deuxième allait devenir insondable, quand Terzic plantait un nouvel ace dans le cuir adverse (21-18) et quand Maréchal sortait des lignes (18-22). Plus droit dans ses baskets, le TVB maintenait l’étreinte et finissait par étouffer le champion sortant, sur un énième service gagnant (le huitième !) du rentrant Prével (20-25).
Le va-tout de Lecat
Désormais, il n’y avait plus de pièces à y coudre. Ni pour les joueurs, ni pour Olivier Lecat, qui lançait Zopie et Alpha en lieu et place de Petrovic et Culafic. Pari gagnant, puisque, pour la première fois du match, le Stade prenait ses aises (12-9). Intéressant mais encore trop erratique pour destabiliser le monolithique assaillant. Pinheiro out, et Tours recollait comme par enchantement (13-13).
Pour continuer à y croire, les Poitevins n’avaient plus d’autre choix que de faire le dos rond et espérer un coup de moins bien de Cala et ses frères. Las ! Les finalistes malheureux de 2011 se refaisaient une santé d’enfer, sous l’impulsion d’un Konecny de nouveau énorme. Les efforts d’Alpha en pointe étaient vains. Terzic (21-23), puis l’intenable D. Konecny en bout de filet terminaient admirablement le travail. Une œuvre trop bien ficelée pour un champion figé dans ses errements. Dommage, mais en aucun cas critiquable.
POITIERS-TOURS
Salle Pierre de Coubertin (Paris). 2800 spectateurs. Arbitrage de MM. Marenc et Daragon. Poitiers-Tours : 0-3 en 1h11 (20-25 en 24’, 19-25 en 24’, 22-25 en 23’).
Poitiers : Pinheiro (2), Sol (7), Petrovic (5), Maréchal (7) (puis Wanderson), Lopes (2) (puis Wanderson), Culafic (6) ( puis Alpha (3)). Libero : Teixeira.
Tours : Redwitz (1)(puis D’Almeida), P. Konecny (7), Smith (7), Cala (10) (puis Hominal), Terzic (9) (puis Prével (1)), D. Konecny (19). Libero : Gonzalez. Puis d’Almeida.
Ils ont dit
Olivier Lecat, entraîneur de Poitiers : « Bravo au vainqueur. On a essayé de suivre le rythme des Tourangeaux toute la saison et ce soir encore, il était supérieur au nôtre. Est-ce illogique, face à un club plus structuré, plus expérimenté, plus riche dans tous les domaines ? L’an passé, on avait pu compter sur des Rivera, Kieffer, Rouzier qui avaient l’expérience de ces grands rendez-vous. On les a remplacés par de jeunes joueurs talentueux mais qui n’ont pas ce vécu. Ça viendra. Quant à demain, je ne veux pas en parler. Il faut d’abord attendre le verdict de la DNACG. Ça fait trois ans que ces problèmes financiers nous pèsent, je suis donc incapable de parler de l’avenir. Ni du mien, ni de celui de cette équipe. Je suis malgré tout fier de son parcours cette saison, qui n’était pas évident vu les conditions. »
Rafael Redwitz, passeur de Tours : « On était passés à côté en coupe de France, et aussi en Ligue des Champions, où on espérait atteindre au moins les quarts. Ce titre, on le voulait sans doute plus que les Poitevins. Cela s‘est vu, je crois, sur le terrain, avec des joueurs au sommet de leur art. Je suis heureux pour ce club qui mérite de gagner des trophées pour tout l’investissement consenti par ses dirigeants. »
Nuno PINHEIRO, passeur de Poitiers : « Le sentiment qui prédomine, c’est la frustration. Tours et Konecny ont fait un super match, mais je regrette qu’on n’y ait pas plus cru dans le troisième set. On pouvait alors renverser la situation. Ce soir, je pense qu’on a raté en partie notre match, rien à voir avec la régularité de l’an passé. Mais chaque saison a son histoire. »
Jean-Philippe SOL, central de Poitiers : « Que dire si ce n’est qu’aujourd’hui, Tours a prouvé qu’il était plus fort. Konecny et les autres sont entrés à 120% dans le match et nous, on n’a jamais pu endiguer la vague. On a alterné le bon et le moins bon, avec des réceptions délicates et des ballons faciles qu’on aurait dû mieux négocier. C’est dur à encaisser, mais il n’y a pas de honte à plier devant un club qui a trois fois notre budget. J’espère que Poitiers revivra de tels moments. »