Pierre Vincent : « Les play-offs ? Difficile, pas encore impossible »

Véritable trait d’union entre Poitiers et l’Asvel, Pierre Vincent revient pour la première fois sur la terre de ses exploits, samedi aux Arènes. L’ex-entraîneur du CEP et mentor de Ruddy Nelhomme se confie sur la saison villeurbannaise, son passage à Poitiers, son avenir…

Arnault Varanne

Le7.info

Pierre Vincent, l’Asvel a perdu sept de ses huit derniers matchs de championnat. Dans quel état d’esprit le groupe est-il avant d’affronter le PB86 ?
«Les play-offs vont être difficiles à accrocher, puisque nous avons deux points de retard sur la huitième place. En même temps, nous avons le point-average. Mais si on perd à Poitiers, ce sera inaccessible… Après, nous jouons Pau, Chalon et Roanne. C’est difficile, pas encore impossible.»

Vous avez décidé de ne pas engager de joker médical en lieu et place de Paul Lacombe. Pour quelles raisons ?
«On a pourtant songé à le remplacer. Maintenant, nous n’avons pas trouvé de joueur qui pourrait être là en temps et en heure et corresponde au profil recherché. Nous faisons donc confiance au groupe. Ça donne la possibilité aux jeunes joueurs, sur lesquels nous investissons, d’acquérir de l’expérience…»

Comment expliquez-vous la dégringolade de l’Asvel ces deux derniers mois ?
«Vous, comment vous l’expliquez ? Face à Donetsk ou contre le Khimki Moscou (Ndlr : futur vainqueur de l’Eurocoupe), on échoue de quatre ou cinq points. Derrière, on va à Orléans et on perd notre pivot titulaire, qui joue quinze minutes dans ce match. Il s’est blessé alors que l’on sait tous ce que secteur du jeu est très faible sans lui. C’est l’origine de nos soucis. Hilton Armstrong a été out pendant presque trois semaines.»

La rumeur sur les départs possibles de Léo Westermann et Kim Tillie à l’intersaison perturbe-t-elle le groupe ?
«Non, pas du tout.»

Tillie, Westermann, Jackson, Lacombe, Léon, Fofanan, Jean-Charles… L’Asvel a misé sur la jeunesse cette saison. Le pari est-il réussi ?
«Franchement, les difficultés de l’Asvel sont actuelles. Jusque-là, on a réussi à se qualifier pour le Top 16 d’Eurocoupe et à faire progresser les jeunes. C’est le côté satisfaisant de la saison. Le côté moins satisfaisant, c’est que les play-offs faisaient partie de notre objectif et que nous n’y sommes pas pour le moment. Ce sera bien sûr un échec si nous ne les accrochons pas.»

« Le PB fidèle à lui-même »

Quel regard portez-vous sur cette équipe du PB86, qui lutte pour sa survie en Pro A ?
«La saison du PB est fidèle à ce que fait cette équipe depuis plusieurs années. Poitiers a des valeurs collectives que certains clubs n’ont pas et fait avec ses moyens. Ils vont se maintenir, je leur souhaite en tout cas.»

Quinze ans après votre passage, la formation fait toujours partie des priorités du club. Satisfait de la trace laissée (*) ?
«Bien sûr ! Je suis plutôt très satisfait de ça, sachant que le club continue à former de jeunes joueurs. Après, il faut leur donner l’opportunité de jouer. C’est la philosophie que nous avions adoptée à l’époque où j’étais dans la région. Maintenant, tout ce qui s’est fait depuis est au-delà de ce que je pensais possible de faire. Je suis très fier des dirigeants, entraîneurs… Beaucoup de gens se sont mobilisés sur ce projet.»

Au-delà des joueurs, vous avez aussi formé des entraîneurs, comme Greg Thiélin ou Ruddy Nelhomme…
«Ruddy Nelhomme ? À partir de maintenant, je ne lui parle plus ! (Ndlr : vendredi 14h). D’abord, je l’ai eu comme joueur, puis comme assistant au pôle. Il m’a souvent demandé conseil sur des choix… Je suis plutôt très content de la façon dont il travaille et réussit. Vous savez, je suis plutôt formateur qu’entraîneur. Et dans le travail que j’ai accompli à Poitiers, j’avais l’intention de développer des joueurs, mais aussi des éducateurs. Greg (Thiélin) a eu un impact très important sur le club et d’autres ont bénéficié de cette énergie-là.»

« Ah, Keyser Söze… »

Quel souvenir marquant de votre passage ici vous reste en mémoire ?
«C’est difficile… Peut-être la victoire contre Cholet la première année avec l’équipe des cadets France. Nous nous étions maintenus dans le groupe A la semaine précédente et j’avais dit aux gars que cette équipe était très forte. Ils avaient été un peu frustrés par mon discours. Mais, le matin du match, je leur ai dit qu’il était hors de question de perdre ici, chez nous. Et nous avons gagné, alors que CB devait avoir huit internationaux dans ses rangs. C’était quelque part le début d’une nouvelle ère…»

Petite question subsidiaire. Savez-vous qui est Keyser Söze ?
(Il rit) «Cette semaine, justement, j’avais beaucoup de choses à faire et les joueurs m’ont peu vu. Keyser Söze était donc très présent, enfin absent ! Ce surnom remonte à l’époque où j’étais entraîneur du Cep, du Pôle et assistant en équipe de France cadets. Greg Thiélin était mon assistant au Cep et je devais satisfaire aux priorités de la Fédération française. J’étais donc souvent parti. À l’entraînement, les gars m’appelaient Keyser Söze, sans que je sache de qui il s’agissait. Après l’entraînement, un vendredi soir, ils m’ont incité à regarder Usual Suspect, sur Canal+. C’est là que j’ai compris qui était Keyser Söze, un personnage toujours en retrait, souvent absent.»

Serez-vous encore à la tête de l’Asvel la saison prochaine ? Avec Tillie et Westermann ?
«Oui, oui, même si, des fois, on ne sait pas toujours de quoi est fait l’avenir dans notre métier. On a l’ambition de construire un vrai projet « jeunes » avec les catégories inférieures. Tony (Parker) a cette volonté d’imprimer sa patte, son style sur le club. Et il faut donc travailler dans la durée. En ce qui concerne Kim et Léo, mes intentions sont claires depuis très longtemps. J’en ai discuté avec eux. Après, ils sont libres en fin de saison… Disons que leur départ nous ferait perdre du temps car nous avons investi sur eux.»

Pratique
27e journée de Pro A, PB86 (13e, 8v-18d)-Asvel (12e, 11v-15d), samedi 21 avril, 20h aux Arènes. Arbitrage de MM. Mateus, Pierre et Creton.

La phrase
« Pierre Vincent fait partie des deux-trois personnes qui comptent dans ma vie d’entraîneur et d’homme. »
                                                        De Ruddy Nelhomme, entraîneur du PB86
 

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