Pipologue ou demagogeek ?

Huit cents joueurs en réseau participent actuellement (jusqu’à lundi) à la Gamers Assembly au palais des congrès du Futuroscope. Parallèlement aux tournois et autres démonstrations, deux experts des jeux vidéo se sont amusés cet après-midi à démonter les argumentaires prouvant que jouer engendre des comportements dangereux…

Romain Mudrak

Le7.info

« Ce week-end, la gamers assembly ne recevra pas… Laure Manaudou ! » Consultant en médias numériques, Eric Leguay a lancé sa conférence à la manière de Laurent Ruquier, dans l’émission « On n’est pas couché ! ». Une façon de montrer les contradictions et autres raccourcis que certains « demagogeek » n’hésitent pas à faire sur une question très prisée des parents : « les jeux vidéos sont-ils dangereux ? »

La nageuse a été la cible d’Eric Leguay à cause du tweet qu’elle a posté après la tuerie de Toulouse. Mais ce n’est pas la seule à avoir fait les frais de l’expert pour leurs citations : Jacques Cheminade, Eric Raoult, Nadine Morano ou encore Alain Delon, « capable de critiquer les jeux vidéos alors qu’il utilise un flingue dans 90% de ses films », ont été les victimes amicales du conférencier.

« De tout temps, les jeux vidéo ont servi soit à faire la guerre, soit à favoriser la consommation, selon les opposants. C’est faux ! », a poursuivi Eric Leguay.

Puis il a mis en lumière les « pipologues », qui «se servent de leur notoriété pour diffuser des contre-vérités ». A l’image du psychiatre Serge Tisseron, « adepte du vocabulaire moralisateur et religieux » pour parler des jeux. Idem pour Marc Valleur, responsable du service des addictions à l’hôpital Marmottan, à Paris, qui « associe  un loisir comme les jeux vidéos à une maladie alors que certains fans de cloclo ont l’air bien plus atteints que la plupart des joueurs. Or , on n’a jamais ouvert un département dans un hôpital public pour les fans de cloclo ».

L’argumentaire d’Eric Leguay a l’avantage d’être drôle. Il s’est également attaqué à Laurent Bègue, auteur de la seule étude scientifique démontrant un lien entre les jeux vidéo et une certaine forme d’agressivité : « Pour moi, la démarche scientifique est légère. Avec 124 joueurs observés, l’étude a porté sur un échantillon trop faible. Sans compter qu’elle ne s’est pas inscrite dans la durée et qu’elle n’a pas fait appel à un effet placebo. Après avoir mangé des sushis, les cobayes auraient peut-être été aussi excités. »

"Vous n'êtes pas psychopathes"
«D’autant qu’on ne parle pas de violence mais d’excitation dans cette étude, renchérit Vanessa Lalo, psychologue clinicienne qui a pris la suite de son collègue au pupitre. Or, l’excitation, c’est le principe du jeu vidéo. Au bout de quelques minutes, tout cela se dissipe. » 


« Rassurez-vous, vous n’êtes pas des psychopathes ! », a-t-elle asséné à la salle très peu fournie. Avant de rappeler que « l’académie de médecine ne reconnaît plus d’addiction aux jeux vidéo ». Selon elle, d’autres études montreraient que les joueurs sont « multitâches et plus réactifs que le reste de la population. » Par ailleurs, « l’armée américaine utilise les jeux pour réduire le traumatisme ressenti par les soldats qui reviennent de la guerre. Et les maisons de retraite s’en servent pour créer du lien social entre les pensionnaires et leur permettre de conserver des réflexes. » Un élément que l’on a pu vérifier, après la conférence, pendant la finale du « Trophée des seniors » qui a vu les résidents de trois maisons de retraite s’opposer sur Wii-Boowling.

 

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