Le maître du jeu

Désiré Koussawo, 44 ans. Organisateur en chef de la Gamers Assembly, le premier rassemblement français de jeux vidéo. Un challenge à relever chaque année pour ce féru de nouvelles technologies. Signe particulier : ne joue presque jamais sur console ou PC. Paradoxe, quand tu nous tiens…

Arnault Varanne

Le7.info

Sa chevelure d’une teinte uniforme ne laisse rien deviner. Son embonpoint contenu lui offre le bénéfice du doute. Seules ses nouvelles lunettes, couleur rouge vif, trahissent quelque peu le temps qui passe. A 44 ans -il les aura le 8 mai-, Désiré Koussawo affiche un sourire immanent qui sonne comme l’hymne à la jeunesse éternelle. A chaque début de printemps, il est l’homme qui réussit à enfermer près de mille fans de jeux vidéo au Palais des congrès du Futuroscope ! Treize ans que dure cette même procession dans la Vienne. Treize ans d’un égal bonheur, né d’une sorte de hiatus originel. Qu’on se le dise une fois pour toutes, « notre » homme ne joue que très rarement à des jeux vidéo.

« J’ai découvert la Gamers Assembly en 2001, lors de sa première édition au gymnase de Smarves, confesse ce père de famille nombreuse (trois garçons). Ce qui m’a tout de suite attiré, ce n’est pas le jeu, mais l’organisation d’un tel événement. Ç’aurait été une manif de badminton ou de programmation informatique que j’y serais allé pareil ! » Créer, organiser, manager. Dans son quotidien de responsable du pôle des systèmes d’information, comme dans le costume du président de Futurolan, Désiré Koussawo s’épanouit autour de ces trois verbes d’action. Il aime « créer de la valeur », « fédérer les personnalités », mener « un projet humain » en somme.

« La notoriété me plaît »


Bien sûr, à chaque fois, la charge de travail s’alourdit à mesure que le jour J approche. Bien sûr, le chef d’orchestre éprouve de temps à autre « l’envie de passer la main ».  Mais le virus du jeu, le « plaisir du partage avec les joueurs et bénévoles » et l’adrénaline de l’événement le rattrapent toujours. Peut-être aussi que la reconnaissance dont le patron de la « GA » jouit désormais dans le milieu du gaming flatte son égo. « Je ne vais pas m’en cacher, la notoriété me plaît. Maintenant, je n’ai pas fait tout ça pour la gloire. C’est la conséquence de mes engagements. » Peu de gens peuvent se targuer d’avoir côtoyé des personnalités telles que Bill Gates, René Monory ou encore Jean-Pierre Raffarin. Un jour, il le sait, Désiré Koussawo devra ériger de nouvelles barrières à franchir, se fixer un nouvel horizon. 

La politique ? Pas encore le déclic

Un horizon politique ? Et pourquoi pas… « Entrepreneur dans l’âme », le Togolais d’origine a déjà refusé des propositions « à gauche et à droite ».  Parce qu’il n’a « pas eu le déclic ». Parce qu’il y a encore la Gamers Assembly. « Si je peux aider, à l’avenir, pourquoi pas. Mais pour être dans l’action et apporter mon expertise des technologies. » Avis aux amateurs… En attendant, l’ex-président du club informatique de Saint-Benoît refuse encore et toujours le rythme « métro-boulot-dodo ». « J’aime être engagé, avoir plein de vies parallèles, ça guide mon existence », insiste-t-il. Question de tempérament, de parcours aussi. Après son retour du Togo, à 18 ans, -il y a vécu sept ans-, le pape des jeux vidéo a bûché pour obtenir maîtrise d’AES, DEA de droit et troisième cycle en gestion des systèmes d’information. Bref, sa réussite, il ne la doit qu’à lui-même. Et à l’heure où d’autres expliquent, par leur couleur de peau, certaines difficultés à grimper dans l’ascenseur social, lui balaie l’argument d’un revers de la main.

« Je me refuse à justifier quelque échec professionnel pour cette raison ». Pas communautariste pour un sou, Désiré Koussawo trouve en revanche matière à s’indigner dans les inégalités Nord-Sud. « C’est assez étrange que l’homme soit assez intelligent pour envoyer d’autres hommes sur la Lune et qu’il laisse, dans le même temps, des enfants mourir de faim et de soif. » On est assez loin de l’univers virtuel et aseptisé des jeux vidéo. De la Gamers Assembly. Et de la horde d’adulescents prêts à déferler sur la Technopole pendant le week-end de Pâques !
 

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