Des détails qui coûtent cher

Lancé, dès la fin du premier quart-temps, dans une admirable course-poursuite, le PB 86 a toujours cru en son étoile, mais s’est finalement époumoné à l’emballage. Dommage !

Nicolas Boursier

Le7.info

Un match de basket se joue parfois à peu de choses. Deux balles égarées. Un pied sur la ligne. Un arbitre momentanément aveugle. Une faute « utile » à commettre et que l’on ne commet pas. Ces « impondérables » résument à eux seuls la soirée du Poitiers Basket et expliquent sans doute que le 13e de la classe ait joué yeux dans les yeux avec la plus grosse artillerie offensive du championnat, mais aussi et surtout qu’il se soit incliné. Comme dirait Nelhomme lui-même, « ne pas être loin, c’est être encore trop loin ». La pensée philosophique du soir !

Oui, ce match-là, le PB l’a perdu sur des détails. Par exemple sur ce laisser-aller coupable au buzzer du premier acte, qui permit aux Manceaux de prendre six longueurs d’avance (17-23). Rageant car, jusque-là, Fournier et les siens avaient tenu la dragée haute à leurs hôtes, les poussant régulièrement à la faute sur des tirs délicats. Las. L’entrée en jeu d’Acker eut le don de transcender ses partenaires. Deux paniers longue distance plus loin, les troupes de JD Jackson s’installaient aux commandes.

Ils appuyaient même fortement sur le manche à l’entame du second quart, sous l’impulsion de l’intenable Acker (21 pts, 3/5 à 3 points, 22 d’évaluation) et de Lombahé-Kahudi. Et quand l’adresse n’était pas au rendez-vous, Batista ramassait toutes les miettes tombées sous le cercle (23-35). Ç’en était déjà trop pour des Poitevins figés dans leurs attaques placées et largement déficitaires dans la raquette.

La résistance au combat de Badiane et l’allant de Fournier maintenaient pourtant l’espoir (33-41). Mais trop d’imprécisions dans le dernier geste coûtaient aussitôt très cher. Les Sarthois, eux-mêmes en panne de précision, se contentaient finalement de laisser leur adversaire à distance à la pause, sur un dernier raté de Miller, pas vraiment à son avantage (34-43).

Dobbins et Fournier mettent le feu 

Certes, la tâche ne s’avérait pas encore insurmontable. Mais encore fallait-il que le PB trouve enfin la clef du coffre-fort manceau et que le corps arbitral n’y aille pas de ses incohérences. Deux fautes évidentes, mais non sifflées, sur Dobbins et Fournier, avaient ainsi le don de mettre les nerfs locaux en pelote. Rochestie, lui, s’amusait de la situation, pour piquer le cuir poitevin (44-56).

Le cuir, mais pas le cœur. Car deux interceptions de Dobbins (0/4 aux tirs, 15 d’évall !!!) et Fournier, encore eux, faisaient enfin chavirer Saint-Eloi. Younger enfilait deux lancers francs. Et voilà comment le PB 86 recollait aux fesses de son hôte (50-56).

Poussé par la furia de ses supporters, le monumental Dobbins rehaussait encore le ton. Et c’est désormais toute l’équipe qui jouait à l’unisson. Malheureusement, un dernier missile longue portée d’Acker, revenu à ses premières amours, redonnait de plus belles couleurs à la mariée sarthoise. 56-61 à la sirène, encore dommage.

De -14 au cœur du deuxième quart, le PB venait de revenir quasiment à hauteur et même de toucher l’épaule de Rochestie et sa bande. Il lui fallait carrément la bousculer. Pas une mince affaire contre un bloc monolithique et qui n’aime rien moins que de repousser l’assaillant dès qu’il le sent trop menaçant. Dans sa course-poursuite, le PB se brûlait peu à peu les ailes. Un « trois points » de Wright attisait encore et toujours la flamme (71-76), mais il était dit que le lièvre ne battrait pas la tortue. A partir de trop loin, on ne peut que s’essouffler. A trop glisser sur des détails, on peut parfois se casser la figure. Toute l’histoire du PB 86 de ce dernier samedi de mars.

 

La fiche

A Poitiers, gymnase de Saint-Eloi. 2700 spectateurs. PB86-Le Mans : 75-83. Mi-temps : 34-43. Score par quart temps : 17-23, 17-20, 22-18, 19-22. Arbitrage de MM. Bardera, Karaquillo, Lubienski.

PB : Miller (6), Dobbins (6), Fournier (20), Guillard (5), Badiane (15), puis Wright (8), Grant (3),  Aka (2), Younger (10), Gomez (0)  Entraîneur : Ruddy Nelhomme.

LE MANS : Rochestie (11), Kouguere (9), Lombahe-Kahudi (9) Sommerville (7), Batista (10), puis Koffi (10), Acker (21), Bryant (6), Kahudi (0) Entraîneur : J.D. Jackson. 

 

Ils ont dit…
Ruddy Nelhomme (entraîneur du PB86) : « Nous effectuons un bon match dans l’ensemble, avec beaucoup de choses intéressantes. Nous avons parfois manqué de réussite dans l’adresse et surtout de lucidité sur des détails. Il ne faut toutefois pas oublier qui nous avons rencontré. La manière dont ils nous ont repoussés en fin de troisième quart prouve à elle seule la solidité de cette équipe. Notre débauche d’énergie n’a pas payé au final, mais c’est un match sur lequel nous pouvons travailler. »
Pape Badiane (pivot du PB86) : « Dommage pour le hold-up, on n’était pas si loin. Je regrette que l’on n’ait pas été assez agressifs à certains moments, il aurait fallu plus jouer les fautes. Maintenant, Pau a perdu. Nous restons dans le coup. Gagner à Paris ? Et pourquoi pas ? »
Evan Fournier (ailier du PB86) : « On peut effectivement dire que c’était serré et qu’il y avait la place de passer, mais on a manqué de contrôle, en leur laissant trop de shoots ouverts. Le réalisme était plus de leur côté, mais il ne faut pas se lamenter. Il faut surtout reconnaître la valeur d’un tel adversaire.. »
JD Jackson (entraîneur du Mans) : « C’était vraiment le match auquel je m’attendais. Cette équipe de Poitiers a l’art et la manière de multiplier les rotations et les plans tactiques. C’est très déroutant. Heureusement, mes gars ont affiché une belle lucidité et de la solidité quand le PB s’est enflammé dans le troisième quart. Nous avons fait une rencontre propre, avec un gros impact au rebond et une réussite intéressante à longue distance. Mais il le fallait. Car pour une formation qui se bat pour le maintien, je trouve que Poitiers évolue avec beaucoup de confiance. Je la vois bien se qualifier pour les play-offs (sic) »
Alain Koffi (intérieur du Mans) : « C’est toujours difficile de venir jouer au Havre. Euh, je veux dire à Poitiers. On savait qu’on n’allait pas rigoler, ç’a été le cas. Des paniers à distance importants nous ont fait le plus grand bien, en empêchant Poitiers de trop y croire. C’est bien, car jusque-là, à l’extérieur, on avait du mal. »

 

À lire aussi ...