Hier
Le 15 mars sanctionne la fin de la trêve hivernale pour les expulsions locatives. L’antenne départementale de la Confédération nationale du Logement (CNL 86) est aux aguets. Le point avec sa présidente, Pierrette Réau.
Le printemps qui s’annonce marque le retour des procédures d’expulsions locatives. La Vienne est-elle particulièrement exposée à ce phénomène ?
« Si l’on en croit les statistiques nationales, le nombre d’impayés de loyers de plus de 3 mois aurait augmenté de 24% sur les trois dernières années en France. Huit millions de personnes sont aujourd’hui en situation de grande difficulté avec, pour seuls recours, le surendettement, l’hébergement précaire ou la rue, quand rien n’a convenablement fonctionné avec les services sociaux. La Vienne, hélas, n’échappe pas au phénomène. On peut même dire qu’il s’aggrave. Sur la dernière décennie, le nombre d’expulsions locatives s’était stabilisé autour de vingt par an. Depuis le 1er janvier 2010, nous en sommes déjà à quatre vingt dix demandes de recours de la force publique. »
Comment expliquez-vous cette recrudescence ?
« Tout simplement par l’accroissement progressif du nombre de familles ou de personnes isolées fragilisées par des ressources en berne. La très grande majorité des publics auxquels nous sommes confrontés ont subi de gros coups durs (divorce, perte d’emploi, maladie…) et n’ont plus les moyens de faire face aux imprévus. Quant aux charges de logement, elles deviennent trop lourdes. Et c’est également de plus en plus vérifiable dans le secteur privé. Un exemple qui explique beaucoup de choses : quand la part des aides Caf augmente de 1%, les loyers sont revalorisés de 1,9%. Quand vous comptez vos sous centime par centime, cela fait toute la différence. »
Des premiers impayés de loyers à la radicalité de l’expulsion, il y a pourtant un fossé. N’existe-t-il aucune solution pour qu’il ne se transforme pas en gouffre ?
« Du seuil des trois mois d’impayés à l’expulsion définitive, il peut effectivement se passer plus d’une année, jalonnée de phases de « régulation » qu’hélas, les locataires précarisés ne respectent pas toujours. Les bailleurs, reconnaissons-le, se montrent beaucoup plus compréhensifs qu’autrefois et refusent rarement la résolution à l’amiable des différends. Ce qu’ils attendent, en retour, c’est que les locataires fassent preuve de bonne foi et montrent leur volonté de se sortir de l’ornière. Beaucoup, hélas, ne savent pas gérer un budget et s’enlisent dans le non-dit. C’est justement là-dessus que nous insistons. Sur la nécessité d’une prise de conscience. »
Que pouvez-vous apporter concrètement ?
« Notre rôle est avant tout d’informer les locataires sur les démarches à effectuer en cas d’impayés durables et sur l’état des procédures qui les frappent. Nous pouvons au-delà les accompagner dans leur démarche d’apurement de la dette ou sur le montage d’un dossier de droit au logement Dalo. Et encore favoriser les rencontres de médiation avec le bailleur et les services sociaux. La mission de la CNL, c’est d’aider tous ceux qui souhaitent l’être et éviter qu’ils ne s’enfoncent. Notre mot d’ordre est que si le seuil des trois mois d’impayés est atteint, il faut absolument se confier. Parler, c’est avancer. »
Contacts : CNL86. 14, place de la Grand Goule à Beaulieu. App. n°755. Tél. 05 49 01 73 29. Mail : cnl86@sfr.fr
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