Vienne-Futuroscope, l’agence qui pose question(s)

La semaine dernière, le Conseil général a dévoilé la création d’une nouvelle « agence d’attractivité » en charge de la prospection économique à l’international. Une structure portée par l’ex-Agence touristique départementale dont les contours et objectifs demeurent très flous.

Arnault Varanne

Le7.info

Même la conférence de presse n’a pas suffi à dissiper les zones d’ombre. Jeudi dernier, les médias de la Vienne étaient conviés au Conseil général pour une séance de clarification au sujet de la naissance annoncée, quelques jours plus tôt par voie de communiqué, d’une agence d’attractivité en charge de « mieux faire connaître la Vienne à l’international ». « Et de détecter suffisamment en amont les entreprises susceptibles de développer des projets d’implantation dans la Vienne pour préparer l’avenir », s’empressa de préciser Claude Bertaud, patron du Département.
Cette « mise au point » fut l’occasion d’apprendre que les statuts de l’Agence touristique départementale avaient été « adaptés » et son objet transformé. En clair, que sa seule mission de promotion touristique serait élargie à l’économique. Quoi d’autre ? Vienne-Futuroscope -c’est le nom de la nouvelle-née- aura comme président un certain Jean-Pierre Raffarin, Sénateur de la Vienne et bénéficiera d’un coup de pouce financier de « 400 000 à 500 000€ ». Le budget actuel de l’Agence touristique départementale s’élève aujourd’hui à 1,2M€.
Des crédits déjà affectés à d’autres dépenses mais qui seront « fléchés autrement ». L’équipe actuelle de l’ex-CDT (25 collaborateurs) restera par ailleurs identique avec, à sa tête, Hugues Lallemand.

« Combien de projets loupés ? »


À en croire les trois vice-présidents du « CG » chargés de l’Economie, de l’International et du Tourisme, Vienne-Futuroscope émanerait d’une « longue réflexion ». Certes. Pour autant, les élus s’avèrent aujourd’hui incapables de définir avec clarté la ligne directrice de cette agence de développement. Va-t-elle cibler des pays ? Des secteurs d’activités ? Mener des missions économiques ? Effacera-t-elle des tablettes Ouest-Atlantique, que le Département finance à hauteur de 23 000€ par an ?… Silence radio. « D’accord, nous avons réussi à capter des projets tels que ZTE ou Center Parcs. Mais, à côté, combien en avons-nous loupé ? Vienne-Futuroscope, c’est risque zéro », assure André Sénécheau. Qui, comme ses collègues du Département, cite volontiers l’exemple de la Sarthe.
Renseignements pris, la Sarthe n’a pas seulement transformé son CDT en agence de développement. « Nous l’avons fusionné avec Sarthe Expansion, qui bénéficie d’un vrai savoir-faire », précise son directeur Jean-Jacques Foignet. Budget de l’entité ? Deux millions d’euros. « Lorsqu’on valorise un territoire pour attirer une entreprise, on valorise aussi son environnement, sa qualité de vie… » Là-dessus au moins, la Vienne et la Sarthe se rejoignent…

Ce qu’ils en pensent…

« Ni transcendant, ni contestable. » Jean-Daniel Blusseau ne déborde pas d’enthousiasme au moment de commenter l’émergence de la nouvelle agence d’attractivité. « Sur le papier, ce n’est pas une mauvaise idée. Maintenant, la précipitation peut surprendre… », estime le chef des élus de gauche au Département. « Officiellement, je n’ai pas entendu parler de ce projet, remarque El Mustapha Belgsir, vice-président de Grand Poitiers en charge de l’économie. On verra comment cette agence opèrera sur Poitiers. Après, si on nous demande d’y participer, nous y réfléchirons. Pourquoi pas ! » « Je savais qu’une idée comme celle-ci traînait, témoigne pour sa part Olivier Coussi, directeur régional de Ouest-Atlantique. J’espère que nous pourrons collaborer. »

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