Recherche : Le visage de notre ancêtre

Depuis sa découverte, en 2010, Abderrazak El Albani a rapporté plus de cinq cents spécimens de fossiles rappelant qu’une vie multicellulaire existait sur Terre il y a 2,1 milliards d’années. Désormais, il connaît exactement la forme de notre plus vieil ancêtre.

Romain Mudrak

Le7.info

Si Abderrazak El Albani a l’air fatigué, c’est qu’il est sollicité en permanence pour présenter ses travaux aux quatre coins du monde. Le directeur poitevin du programme de recherche international autour du « Chantier Gabon » quitte rarement le bâtiment de Sciences naturelles, sur le campus, avant 20h. Son train de vie est éreintant. Mais quand il parle de ses fossiles, son enthousiasme revient. Le chercheur a du nouveau : les spécimens qu’il a ramenés de la carrière de Franceville, au Gabon, ont plusieurs formes et plusieurs tailles. Ils mesurent de trois à vingt-cinq centimètres. « Certains sont allongés, évoquent des vers de terre, l’un d’entre eux a même une forme de cœur », souligne l’intéressé. Rien à voir avec l’individu triangulaire, ressemblant vaguement à un croissant, qui a fait la Une du magazine « Nature » en juillet 2010.
Bibliothèque virtuelle
On savait déjà que cette découverte revêtait une importance considérable dans l’histoire de la vie, en déplaçant la genèse à 2,1 milliards d’années. En effet, jusque-là, l’apparition d’organismes composés d’une multitude de cellules possédant un noyau, une membrane et un ADN, restait fixée à 600 millions d’années environ. Désormais, on peut être certain que plusieurs variétés coexistaient dans l’océan à cette époque.
Depuis quelques mois, l’équipe internationale d’El Albani a commencé un long travail d’immortalisation de ces fossiles en les numérisant. Afin de les préserver du temps, le directeur de projet envisage de créer une bibliothèque virtuelle accessible en ligne par d’autres chercheurs dans le monde. D’autre part, ces fichiers numériques en 3D pourront être manipulés sans risque. Et pourquoi ne pas intégrer dans les musées des animations 3D grâce à des bornes interactives ?
La morphologie est intacte
L’étude au microtomographe X (un scanner à haute résolution) et l’analyse des matériaux composant les fossiles a permis d’établir un autre résultat stupéfiant : leur morphologie est restée intacte au fil des temps géologiques. « La pyrite est très dense. Les couches de sédiments successives ne sont pas parvenues à l’altérer. Aujourd’hui, nous en sommes sûrs », indique Abderrazak El Albani.
Lecteurs du 7, regardez la vidéo qui accompagne ce texte et imaginez ces « mollusques » à la texture de méduse évoluer dans l’océan au milieu de leurs congénères. Vous ferez alors connaissance avec vos très lointains cousins.

Crédit photos et vidéo : El Albani-Mazurier

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