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Aujourd'hui
Yves Baron, d'où vient votre passion pour la botanique ?
« Je pense que c'est ma mère qui m'a inoculé le virus. Elle tenait un herbier et m'a incité à créer le mien. Je me souviens des deux premières plantes que j'ai récoltées : la véronique de perse et le lamier pourpre… De banales herbes du jardin ! Depuis, je milite pour défendre la nature. Quand on l'aime, on la protège. »
Votre conférence porte sur la botanique en Poitou-Charentes. Quel type de plantes trouve-t-on dans notre région ?
« Poitou-Charentes bénéficie d'un climat tempéré... A l’exception de la Charente, qui se rapproche d'un climat méditerranéen. On y trouve donc de nombreuses espèces qui poussent d'habitude plutôt au sud de la France. On peut, par exemple, observer le « Phillyrea media » à Royan, mais aussi sur la falaise de Passelourdain, à Saint-Benoît, qui est exposée plein sud. »
On parle aussi beaucoup de l'angélique dans le Poitou…
« C'est vrai. Mais il faut distinguer deux espèces d'angélique : la « sylvestre », qu'on trouve au bord des eaux et qui n'a pas de grandes qualités gustatives, et l'« archangelica », cultivée dans le Marais poitevin, dont on se sert pour fabriquer des confiseries, des boissons et des liqueurs. »
Toutes les plantes sont-elles utiles ?
« Oui ! Le problème, aujourd'hui, c’est que si une plante n'a pas de vertus médicinales ou gustatives, elle n'intéresse pas. C'est une erreur. Saviez-vous que l'orge était considérée comme une mauvaise herbe, avant qu'on ne se rende compte de sa qualité en tant que céréale ? Les plantes ne livrent pas leur secret immédiatement. Elles sont indispensables pour créer la photosynthèse et garantissent l'équilibre de notre écosystème. Sans elles, les animaux n'existeraient pas... Les hommes non plus. »
Existe-t-il des botanistes poitevins célèbres pour leurs recherches ?
« Oh, que oui ! La liste est longue... Pour n'en citer qu'un, en 1842, Charles Jean Louis Delastre fut le premier à publier une Flore (encyclopédie botanique, ndlr.) analytique et descriptive du département de la Vienne. Voilà ce qu'on peut lire dans sa préface : « J'ai mis vingt-cinq ans à rassembler, presque seul, les matériaux. (…) Je suis loin, probablement, d'avoir tout recueilli, mais j'ai l'espoir d'avoir aplani ici quelques-unes des difficultés que j'ai rencontrées en si grand nombre au début de mon étude. » Il ne faut pas oublier qu'il a parcouru le département à cheval ou à pied ! Il y a beaucoup de grands hommes tombés dans l'oubli, malheureusement. »
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