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La folle course aux parrainages
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : lundi 23 janvier 2012Les candidats à la présidentielle s’activent pour recueillir les cinq cents parrainages d’élus locaux exigés par la loi (*). Dans la Vienne, les maires de petites communes ne se bousculent pas au portillon… au grand dam de certains candidats.
Depuis plusieurs semaines, Alain Verdin bat la campagne poitevine. À son compteur, le secrétaire départemental de Debout la République (DLR) affiche « une dizaine de parrainages » en faveur de Nicolas Dupont-Aignan. Soit un taux de transformation d’environ 12%. « C’est simple, détaille-t-il, j’ai rencontré soixante-dix huit maires et une centaine d’autres a refusé tout entretien. »
Le militant met cette défiance sur le compte « de la publicité faite autour des parrainages ». « Beaucoup souhaiteraient que leur signature ne soit pas rendue publique. » À l’image de Nicole Merle, maire de Sèvres-Anxaumont. « J’ai évidemment une sensibilité politique. Mais je ne parrainerai personne, tout simplement parce que je suis entourée d’élus de toutes tendances. »
Comme elle, Annette Savin a reçu une foultitude de demandes de prétendants « qu’elle ne connaît même pas ». Mais elle observera son devoir de neutralité, comme toujours depuis 1995. « Si je devais apporter mon soutien à un candidat, ce ne serait qu’avec l’accord de mon équipe municipale. C’est une question de bienséance. »
« On galère ! »
Pour Nina Barriquault, en revanche, ce sera François Hollande et personne d’autre ! « Logique, vu que je serai la suppléante d’Alain Claeys aux législatives », argumente le maire d’Avanton. L’un des rares élus interrogés à révéler sa préférence au grand jour. Une question s’impose : y aurait-il davantage de « volontaires » à la « présentation » -le terme juridique consacré- si le conseil constitutionnel ne révélait pas leur nom au Journal officiel ? « C’est fort possible, répond le maire de Jaunay-Clan, Francis Girault, qui préconise de « noyer des milliers de réponses individuelles dans une liste collective ». « Il faudrait peut-être confier ces parrainages aux grands électeurs… »
Eric Audebert, lui, se fiche de la méthode et dénonce une course aux « soutiens » encore plus rude qu’en 2007. « J’avais récolté trois parrainages, dont le mien (Ndlr : il était conseiller régional) », pérore le patron du FN dans la Vienne. Et là ? « On galère ! Mais je ne vous donnerai pas de chiffre, j’ai des consignes de Paris. » Ou comment transformer cette folle course aux parrainages en marathon pré-électoral. Surtout pour les petits partis. Remise des copies le 16 mars.
(*) Pour se présenter à l’élection présidentielle, un candidat doit recueillir cinq cents parrainages d’élus locaux (maires, conseillers généraux, régionaux, députés, sénateurs…) dans trente départements différents.
Les grands partis exercent-ils des pressions sur les élus ? À en croire Olivier Chartier et Jean-François Macaire, aucune consigne n’a été formulée dans ce sens. « Je me garderai bien d’en donner une aux maires, assène le président de la fédération UMP de la Vienne. Ils ont déjà à faire face à un dilemme cornélien, alors il ne faut pas en rajouter. » Même son de cloche auprès du premier secrétaire du Parti socialiste. Pour autant, Jean-François Macaire comprend l’hésitation des élus de petites communes. « Un maire devrait pouvoir afficher ses opinions sans crainte. » Même lorsqu’il permet à un(e) candidat(e) controversé(e) de franchir le cap des 500 parrainages ? « La démocratie doit pouvoir s’exprimer, y compris pour la candidate du Front National qui pèse 20% dans les sondages », conclut Olivier Chartier. « Cela vaut aussi pour un candidat écologiste ou de gauche », emboîte Jean-François Macaire.
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