Hier
Malgré la perte d'un set «pour du beurre», les Poitevins n'ont pas eu à puiser dans leurs retranchements pour dominer des Tchèques décomplexés mais fébriles, et ainsi assurer leur qualification pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions. Objectif atteint.
Neuf ans après une élimination en quart de finale contre Paris, le volley poitevin s'apprête à regoûter aux parfums d'une phase finale de Ligue des Champions. Les troupes d'Olivier Lecat ont acquis ce droit en s'imposant sans faiblir, malgré les lourdeurs du calendrier et les fatigues accumulées.
La partie n'était pourtant pas jouée d'avance, face à des Tchèques débarrassés de tout complexe et de toute pression, car se sachant déjà éliminés. Est-ce cette liberté d'esprit qui donna d'entrée des ailes aux visiteurs ? Sans doute. Car sous l'impulsion de Rojas et dans le sillage d'un Juracka virevoltant en défense, le Ceske prenait vite le taureau par les cornes (6-8). L'impétuosité avait, heureusement, tout aussi rapidement le don d'irriter l'épiderme poitevin, et notamment celui de Wanderson, qui s'offrait trois blocks gagnants consécutifs pour relancer les siens (12-9).
Dès lors délesté de ses propres inhibitions, Poitiers Volley passait la surmultipliée, Culafic assommant Fila d'un ace tonitruant. C'en était déjà trop pour Budejovice, prestement renvoyé à ses vieux démons de l'inconstance. Le champion de France se chargeait au-delà de gérer son avance pour remporter, sur une ultime attaque de Wanderson, un premier acte sans éclat ni frayeur.
Petit spectacle, grande libération
Les deux protagonistes s'étaient-ils donné le mot ? Toujours est-il que la deuxième manche reprenait sur les mêmes bases que la précédente, avec un Budejovice actif (1-4) et un Poitiers réactif. Wanderson et Culafic, encore eux, se montrant autrement plus efficaces qu'un Motys bouche cousue, il était logique que le tableau d'affichage flatte progressivement le clan local (14-11). Le spectacle, lui, ne caressait alors guère le public dans le sens du poil. Pour tout avouer, on assistait même à un ersatz de combat. Dans ce concert d'approximations et de ratés, Poitiers décrochait pourtant bel et bien la palme, au point de voir repointer au coin du bois Rojas et sa bande (15-16). Même pas peur. Maréchal en pipe et Wanderson en 4, se chargeaient de remettre du gaz. Suffisamment pour ne plus donner à Sukuba et aux siens l'envie de se rebeller et d'offrir sur un plateau, à Culafic, le point de la libération. Et, surtout, de la qualification...
Relâchement coupable
Car à cette heure précise, le volley poitevin pouvait savourer le bonheur d'une nouvelle campagne européenne réussie. Quelle que fût, désormais, l'issue des débats du soir. Lesquels, faut-il le reconnaître, perdirent immédiatement de leur saveur. Tout juste retiendra-t-on que Lecat tint à conserver sur le terrain son sept de départ. Sans doute pour en finir au plus vite et s'éviter des fatigues inutiles. Mauvaise pioche ! Car Budejovice, blessé, n'était pas prêt à mourir sans combattre. On se mit même à redouter le pire lorsque Fila enquilla un dix-neuvième point et créa une brèche de trois longueurs (16-19). La crainte était en partie évacuée, après que Zopie et Pinheiro eurent fait le métier au block (22-22).Mais elle se confirmait, hélas, dans un épilogue apathique, auquel une fixation de Sukuba mettait fin (23-25).
L'entrée d'Alpha sur Culafic avait le mérite de secouer le cocotier à l'amorce du quatrième set. Lopes lui-même enfonçait un service gagnant dans le cuir tendre de Fila et Poitiers retrouvait des couleurs (9-7).Pour ne pas dire le teint de la fraîcheur. Car la suite n'allait être qu'avancée triomphale. A l'image de cet obus de Maréchal du fond de ligne (15-10) ou de ce block monumental de Lopes sur Motys (17-12). Quelques hésitations plus tard, la sanction tombait, définitive, surr une faute service de Rojas (25-21).
Poitiers verra le second tour de la plus prestigieuse des coupes européennes. Contre qui ? Tirage au sort ce jeudi au Luxembourg.
Poitiers. Parc des expos. 2800 spectateurs environ. Arbitrage de MM. Loderus (Pays-Bas) et Beckford (Grande-Bretagne). Poitiers bat Budejovice 3-1 en 1h39 (25-18 en 22', 25-23 en 26', 23-25 en 27', 25-21 en 24')
Poitiers : Pinheiro, Sol (puis Audric), Zopie, Maréchal (puis Lopes), Wanderson (puis Lopes), Culafic (puis Alpha). Libero : Teixeira.
Budejovice : Zapletal (puis Habr), Sukuba, Smrcka (Mach), Rojas Guevara, Fila, Motys. Libero : Juracka
Poitiers : Culafic 18, Maréchal 12, Zopie 10, Wanderson 9, Sol 8, Lopes 5, Alpha 3, Pinheiro 1
Budejovice : Fila 15, Motys 13, Rojas Guevara 13, Sukuba 5, Smrcka 4, Zapletal 1.
Ils ont dit
Olivier Lecat, entraîneur de Potiers: "Ce soir, il ne faut voir que le résultat. Nous avons atteint l'objectif que nous nous étions fixé en début de saison et ce n'était pas une mince affaire.Je tiens à féliciter cette équipe de Budejovice qui a joué le jeu jusqu'au bout et qui était, sur l'ensemble de la compétition, un sacré adversaire. Dans notre état du moment, avec ce calendrier démentiel, cette qualification est un véritable exploit. Une phase finale de Ligue des Champions, ça faisait longtemps que le club ne l'avait pas vécue. Je suis fier qu'on lui offre."
Jean-Philippe Sol, central de Poitiers : "C'est une belle histoire. Pour la plupart d'entre nous, ce sera une première phase finale. Avec Tours, Cannes chez les filles, le volley français montre l'étendue de son talent. Maintenant, je préfère tirer un gros. Un club russe ou Trentino, pourquoi pas ?"
Thierry Février, président de Poitiers : "Les joueurs, le staff, le corps médical, il faut féliciter tout le monde. C'est encore une belle aventure qui se poursuit. Quand je vopis l'état de fraîcheur dans lequel nous sommes, je me dis cette qualif est un exploit. Je me dis aussi qu'à plein régime, cette équipe sera une vraie machine de guerre. Le tirage ? Ronan Nedellec va aller au Luxembourg demain, je ne lui ai pas confié de mission particulière. De toute façon, on aura un gros en face."
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lundi 23 décembre