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Pour bon nombre de chefs, décrocher une étoile au guide Michelin fait figure de consécration. Malgré cette précieuse reconnaissance, le restaurant Cadieu de Saint-Savin vient de fermer ses portes. La course aux étoiles peut s’avérer épuisante…
Dans la Vienne, les restaurants étoilés ne sont pas légion. Jusqu’au 21 décembre, ils étaient trois à détenir cette ultime récompense d’un travail acharné. Mais décrocher les étoiles ne suffit pas toujours à maintenir le cap.
Le restaurant Cadieu, à Saint-Savin, a fermé ses portes juste avant Noël. Son chef, Christophe Cadieu, tient à être clair. La cessation de son activité est « un choix personnel ». « Ce n’est ni un redressement, ni une liquidation judiciaire. Je ne voulais pas finir ma carrière à Saint-Sa- vin, c’est tout. »
Le protégé d’Alain Ducasse avait obtenu son étoile en mars 2007. Le résultat d’un investissement financier et moral conséquent. Produits d’excellente qualité, personnel hautement qualifié, décora- tions luxueuses... La course aux étoiles demande d’« aller plus loin, toujours plus loin, encore plus loin ».
Ces efforts acharnés permettent, une fois le sésame obtenu, d’accroître de 30% son nombre de couverts… si tous les facteurs de réussite sont réunis. « Je n’étais pas proche d’une grande agglomération, constate Christophe Cadieu.
Avec la crise, les gens ont commencé à faire attention à leurs déplacements. Qui plus est, les jeunes recrues n’ont pas envie de s’établir en province. Les campagnes meurent, c’est une réalité. »
Ces difficultés, Richard Toix, pro- priétaire de Passions et Gour- mandises à Saint-Benoît, les comprend volontiers, malgré un emplacement plus «privilé- gié». « L’étoile Michelin, c’est quelque chose qui se mérite, renchérit-il. On travaille des milliers d’heures pour l’obtenir ou la conserver. »
Cette année, pour séduire les inspecteurs, le restaurateur a refait à neuf le jardin, la salle de restaurant, les façades et les balcons. Même le mobilier a été modernisé.
La deuxième pour toix ?
Désormais, il n’y a donc plus que deux étoilés dans le dépar- tement. Eric Cachart, qui tient La Cédraie à Curzay-sur-Vonne, affirme que son établissement, malgré une rumeur annonçant sa «fin», se porte comme un charme. « Nous nous développons même sur le marché des entreprises », explique-t-il. La fermeture annuelle de La Cédraie est fixée du 1er janvier au 31 mars. Durant cette période, le restaurateur reste en Suisse, où il prend soin de son deuxième hôtel-restaurant, le Chalet d’Adrien à Verbier.
Richard Toix, lui, cherche cette année la deuxième étoile. « Je crois en notre avenir, sinon, j’aurais transformé depuis longtemps mon restaurant en maison de retraite. Si je ne l’ai pas cette fois-ci, j’attendrai l’an prochain. » Réponse le 6 mars, jour de sortie du Guide Michelin 2012.
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