Vous n’avez plus que quelques jours pour extraire de vos bas de laine les derniers billets en francs encore échangeables. Le 18 février au matin, il sera trop tard. Le 500F Pierre et Marie Curie, le 200F Gustave Eiffel, le 100F Paul Cézanne, le 50F Saint-Exupéry et le 20F Debussy appartiendront définitivement à l’histoire.
Elles comptent parmi les séries les plus récentes. Mais leurs heures sont désormais comptées. Le 17 février 2012, dix ans jours pour jour après la fin du paiement en francs, les billets de 500F Pierre et Marie Curie, 200F Gustave Eiffel, 100F Paul Cézanne, 50F Saint-Exupéry et 20F Debussy ne seront plus échangeables.
La première vague de « convertibilité », impulsée en 2005, avait permis d’exhumer bon nombre de trésors parfois insoupçonnés. La lame ultime ne semble pas aussi acérée. A Poitiers, en tout cas, on affiche son ignorance. « Ah bon, on peut encore les prendre ? » Les commerçants du centre-ville ne semblent pas franchement au courant qu’au cours des cinq prochaines semaines, ils ne perdront pas un centime... d’euro à accepter les dernières reliques d’une monnaie en voie d’extinction. Et quand ils le sont, c’est la clientèle qui ne suit pas. « J’ai collé cette petite affiche en vitrine avant les fêtes et, depuis, pas un seul achat en francs. » La gemmologue Geneviève Baume, rue Saint-Nicolas, a été l’une des rares à s’amuser de ce petit jeu. Mais la roue n’a pas tourné. « Ce n’est pas grave, moi, cela ne me coûte rien, sourit-elle. Je constate simplement qu’ici, tout au moins, il n’y a pas eu beaucoup de communication de faite sur le sujet. »
C’est, effectivement, le moins que l’on puisse dire. Que Poitiers est à la traîne de bien de ses consœurs de l’Hexagone, comme Nantes, le Mans ou Tours, qui ont multiplié les annonces promotionnelles, ou même du département, à l’image de Loudun. « Chez nous, rappelle le trésorier de la FAE locale, on mène campagne depuis deux ans. Nous avons édité des panneaux en A3 avec photographies des cinq billets convertibles et avons invité les commerçants à adhérer à l’opération. Au terme de la première édition, début 2010, nous avions récolté l’équivalent de 36 000 francs. En 2011, 35 000. Cette année sera la dernière. On peut penser que l’urgence va doper quelques énergies. »
Echangeables à…
la trésorerie générale
Dans le chef-lieu du Nord-Vienne, quatre-vingt-quatre commerces ont accepté d’afficher, sur leur devanture, leur engagement à accepter les cinq derniers billets de francs convertibles. « Il arrive toutefois que certains clients se présentent avec des vieux 500 francs Pascal et, surtout, des 100 Delacroix, poursuit la Fédération des agents économiques. Ceux-là, c’est sûr, la Banque de France ne nous les reprend pas. »
Un peu partout en France, cette même Banque de France est seule habilitée à opérer l’échange entre francs et euros. Un peu partout sauf à… Poitiers. « Depuis la disparition des guichets de la succursale poitevine, explique le directeur de la « BDF » de Niort, c’est la trésorerie générale qui fait office de référence unique. » Encore fallait-il le savoir !
Sur place, rue Edouard-Grimaux, confirmation est faite que la petite dame derrière la vitre est préposée au change. « Une recrudescence ?, s’étonne-t-elle. Ouais, avant les fêtes, on a vu passer quelques billets mais on ne peut pas dire que ce soitr la folie. » « Chez nous, à Niort, c’était +30% de fréquentation aux guichetx en décembre », oppose la Banque de France deux-sévrienne. Décidément, sur les rives du Clain et de la Boivre, le franc est depuis longtemps rayé des souvenirs. Et pourtant, il lui reste encore cinq semaines à vivre. Un temps largement suffisant pour racler quelque fond de tiroir ou d’armoire.