L’une de ses premières productions publiques de l’année 2012, ce matin, au Futuroscope, a permis à Nicolas Sarkozy de redéfinir les priorités d’action de son gouvernement dans le domaine éducatif. Le président de la République a notamment milité pour la revalorisation des salaires et du rôle des enseignants et le repositionnement de leurs missions.
Les chiffres qu’il égrène sont autant de grain à moudre pour les plumitifs aux aguets. Dans sa bouche, ils sont les traits de lumière d’un bilan ouvertement contesté. Ce matin au palais des congrès du Futuroscope, devant mille quatre cents personnes hélas sans doute majoritairement acquises à sa cause (trop de VIP, pas assez d’enseignants de base), Nicolas Sarkozy a habilement ménagé le lard et le cochon. S’appuyant ici sur des données ronflantes (+23% de ressources affectées aux universités depuis 2007, +25% de bourses d’enseignement supérieur accordées, +60% en six ans d’enfants handicapés intégrés au milieu scolaire « ordinaire »…), encourageant là les enseignants à revoir leur copie en vue d’un « avenir meilleur, car mieux construit ».
« L’éducation et la recherche, a-t-il dit, constituent, pour nous, Français, un formidable moyen de reprendre notre destin en mains. » Quand un discours présidentiel prend ainsi l’accent de la responsabilisation, cela ne fait forcément pas plaisir à tout le monde. Mais le Chef de l’Etat n’en démord pas. « Vos missions sont régies par des textes datant de 1950, a-t-il insisté. Or, les enfants d’aujourd’hui ne sont pas ceux d’il y a soixante ans. La redéfinition de votre métier, l’un des plus difficiles, des plus exigeants mais aussi des plus passionnants qui soient, doit être une priorité. »
Créer des postes ? « Irresponsable »
Pour le président Sarkozy, l’éducation est un « trésor inestimable ». Pour le candidat encore non déclaré à sa succession, elle ne doit pâtir d’aucune erreur d’aiguillage. « Je sais combien certains d’entre vous souffrent du manque de reconnaissance. Mais il faut savoir se dire la vérité en face. L’engagement de moyens financiers supplémentaires ne résoudra rien. La revalorisation du rôle d’enseignant passe avant tout par une meilleure organisation interne, des salaires plus élevés et des conditions de travail exemplaires. La seule chose que je vous demande, c’est de vous faire confiance et de ne pas perdre votre amour pour cette si belle vocation. »
La promesse en a été faite : le monde éducatif devra « faire mieux avec les mêmes moyens », la création de postes dans l’Education nationale étant « irresponsable, compte tenu de la situation financière du pays ». Quant à la revalorisation de la fonction, elle est annoncée pour le 1er février de cette année. « A cette date, a ajouté le président de la République, tout jeune enseignant à temps plein bénéficiera d’une rémunération mensuelle d’au moins 2000€ brut, ce qui représente une augmentation de 18% par rapport à 2007. » Cette seule perspective suffira-t-elle à Nicolas Sarkozy pour s’attirer les votes enseignants dans trois mois ? Rien n’est moins sûr. Mais après tout, il n’a toujours pas déclaré sa flamme.
Photos Arnault Varanne et pool images presse régionale.
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