Hier
Etrillé en Ligue des Champions mercredi et l'esprit embrumé par les difficultés financières du club, le Poitiers Volley a su trouver les ressources nécessaires pour vaincre le voisin tourangeau. Le revoilà seul en tête de la Ligue A et prêt à passer d'excellente fêtes.
Quel plus beau cadeau la Ligue nationale pouvait-elle offrir, à toute la planète volley et aux supporters des Arènes, qu'un Poitiers-Tours la veille de Noël ? Sept mois après le sommet de Coubertin, les retrouvailles entre les deux « meilleurs ennemis » de l'Hexagone avaient tout d'un festin pantagruélique, nourri au pis de la revanche historique et de la quête hégémonique.
Les deux coleaders de Ligue A ne pouvaient raisonnablement passer à travers ce repas haut de gamme. L'un et l'autre montraient de fait dès l'entame leur capacité à mordre dans le cuir de l'adversaire. Ils se rendaient coup pour coup et ne lâchaient rien. Jamais, au cours de cet acte inaugural, l'écart n'allait d'ailleurs dépasser les deux points.
A 18-20, on crut pourtant les carottes cuites pour les locaux, tant le duo P. Konecny-Smith sentait bien les coups au contre. Mais c'était compter sans la détermination et la puissance de frappe d'un Culafic transfiguré par rapport à sa prestation lénifiante contre Cuneo, dix jours plus tôt. Le Monténégrin remettait ainsi ses coéquipiers sur les bons rails (22-20). Après une balle de match gaspillée par Alpha, Maréchal, arme fatale de ce début de saison côté poitevin, se chargeait de clouer le bec de Terzic sur un block magistral et de conclure en beauté (26-24) une manche de très haute intensité.
Enorme faute d'arbitrage
Sous les vivats de 4000 spectateurs débordant de décibels, Poitiers était dans l'obligation de poursuivre sur la voie tracée. Promesse tenue. Tours avait beau s'échapper d'entrée (4-0), Sol au filet, Maréchal en 4, s'escrimaient à grignoter le retard accumulé. Au point de le combler à 10-10. C'était le moment choisi par le duo arbitral pour accorder à Terzic une attaque incontestablement hors ligne et infliger un carton jaune à Petrovic pour contestation... légitime.
Rien de tel pour mettre les nerfs poitevins en pelote. Sanction immédiate : 16-12 pour des visiteurs mieux dans leurs baskets au virage du second temps mort technique. En reprenant ses distances, ce TVB-là venait de faire le plus dur et s'envolait finalement, Cala déployant une nouvelle fois ses grandes ailes pour ramener les siens à la hauteur de leurs hôtes (25-18).
Le Cubain montant en régime, Terzic, Smith et D. Konecny lui emboitant le pas, les vice-champions de France poursuivaient leur mainmise à l'aube du troisième acte. La résistance de Petrovic n'y suffisait pas. Les siens s'enlisaient rapidement, sans jamais pouvoir prétendre à respirer. 25-19 au final, rien de plus logique au terme de débats quasiment à sens unique.
Le bombardier Konecny se blesse
Une question affleurait alors. Un Stade chahuté, fatigué par son déplacement, mercredi en Italie, et par les séquelles de la gifle infligée par les Transalpins, pouvait-il renaître de ses cendres ? Réponse immédiate. Les entrées de Wanderson sur Lopes et d'Alpha sur Culafic avaient le don de remonter le moral des troupes. Poitiers virait ainsi en tête au premier temps mort (8-7). Et prenait illico le large, à l'instant-même où le bombardier tchèque David Konecny, blessé au dos, cédait sa place au jeune Prével.
A 16-11, la bande à Pinheiro s'élançait sur une voie royale. Il lui fallait pourtant puiser au fond de ses ressources pour contrarier la révolte tourangelle (16-16). Maréchal puis Pinheiro, d'un ace tout en finesse, ne se faisaient pas prier pour lâcher les gaz : 25-20, balle au centre.
Balle, surtout, à un nouveau et âpre combat. Tout le reflet de ce match homérique. Quel beau cadeau, oui, que ce Poitiers-Tours. Et quelle superbe offrande que ce service ligne de Maréchal (8-6). Dans ce concert de virtuoses, Wanderson ne voulait pas être en reste. L'attaque fond de terrain du Brésilien trompait la vigilance de Gonzalez (10-7), son block la précision de Cala (12-7). Poitiers volley touchait au but. Il décrochait finalement la Lune, sur un nouveau missile du décisif Wanderson (15-8).
Bonnes fêtes messieurs, et merci pour tout !
La fiche
Poitiers. Parc des expos. 4100 spectateurs environ. Arbitrage de MM. Decourt et Deregnaucourt. Poitiers - Tours 3-2 en 1h46 (26-24 en 28', 18-25 en 23', 19-25 en 22', 25-20 en 21', 15-8 en 12').
Poitiers : Pinheiro (puis Audric), Sol (puis Alpha), Petrovic (puis Zopie), Maréchal, Lopes (puis Wanderson), Culafic (puis Wanderson, puis Alpha).Libero : Teixeira.
Tours : Redwitz, Smith, P. Konecny, Cala, Terzic, D. Konecny (puis Prevel, puis Slavev). Libero : Gonzalez
POITIERS : Maréchal 21, Wanderson 10, Culafic 13, Petrovic 9, Lopes 6, Sol 5, Alpha 5, Zopie 2, Pinheiro 2, Audric 2
TOURS : Cala 19, D. Konecny 18, Smith 10, P. Konecny 7, Terzic 8, Redwitz 1, Prével 2, Slavev 3
Ils ont dit
Olivier Lecat, entraîneur de Poitiers : « On accumulé les heures de boulot pour arriver à ce résultat et faire en sorte que les jeunes puissent faire la différence. C'est la preuve qu'on a un excellent groupe. L'équipe de demain est déjà sur de bons rails. Après Cuneo, on n'a pas eu le temps de réfléchir, il fallait se remettre dedans tout de suite. La difficulté réside surtout dans le fait de jouer dans une salle qu'on connaît mal. Les mecs sont vidés après un mois marathon. Finir ainsi l'année est une grosse cerise sur le gâteau. Pour nous, le club et le public. »
Mauricio Paes, entraîneur de Tours : « Les jeunes de Poitiers ont su faire la différence. Je tire mon chapeau à Olivier. On a été incapables de rivaliser au niveau du banc. La sortie de David Konecny nous coûte cher. »
Jean-Philippe Sol, central de Poitiers : « On a montré du courage, ce n'était pas évident. Les jeunes ont su répondre présent. Le public nous a poussés quand c'était dur. Cette victoire est aussi et surtout pour lui. »
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