Pris d'entrée à la gorge, les champions de France n'ont jamais pu se défaire des paluches de Ngapeth et sa meute, paraissant tout petits face à l'assaillant transalpin. Sec et sans bavure...
Que c'est beau un parc en transe. Pour ses retrouvailles avec les Arènes, neuf ans (ou presque) après les effluves capiteux d'un premier acte irrésistible en Ligue des Champions, le public poitevin a vite retrouvé ses repères. Tout en ne laissant que quelques chaises vides dans des travées alertes. Quel bel encouragement pour des troupes tout sauf fières à l'idée de défier un Cuneo blessé.
Olivier Lecat avait prévenu que le soutien de son huitième homme serait indispensable à la quête d'une troisième victoire en trois matches européens. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il ne fut pas suffisant pour mettre ses hommes sur les bons rails.
Culafic pieds et poings liés en bout de filet, Poitiers ne pouvait alors s'en remettre qu'au seul bras de Maréchal pour endiguer une vague bleue sur laquelle Vissotto, lui, surfait allègrement. Au virage du second temps mort technique, l'ogre transalpin avait déjà le ventre bien rempli (11-16).
Un pointu qui ne marque pas est un pointu en plein doute. Lecat le sait trop bien, qui n'hésita pas à remplacer sa recrue estivale par le bondissant Alpha. L'hémorragie s'en trouvait stoppée (17-20. La cautérisation était même proche, lorsque Maréchal se jouait habilement du block italien en poste 4 (19-20). Mais la blessure se rouvrait aussi vite sous les coups de boutoir de Vissotto et d'un Grbic par malchanceux au service (19-25).
Impuissance individuelle
En à peine moins de deux minutes, Cuneo venait d'aligner un 5-0 sanglant. Desserrer l'étreinte lorsqu'il accule sa proie n'est pas le genre de la maison. D'emblée, le deuxième set s'apparentait à un supplice (3-7, puis 4-10). Ngapeth en pipe et Wanderson... dans le filet, remettaient une couche à l'incrédulité locale (7-15).
Le duel tant attendu entre Grbic et Pinheiro, deux des meilleurs chefs d'orchestre du Vieux continent, en était hélas réduit à un monologue, tant les solutions du Portugais se réduisaient au fur et à mesure que s'exprimait l'indigence de ses attaquants. Deux ou trois approximations plus tard, Poitiers Volley baissait une nouvelle fois la tête, presque sans combattre, sur un ace de l'impeccable Wijsmans (15-25).
A défaut de l'emporter, les Poitevins se devaient au moins de sauver la face. Pas facile devant un Ngapeth définitivement survolté (1-4). Tel un maître donnant la leçon à un élève intimidé, Cuneo jouait une partition sans anicroche. De retour sur le parquet après une demi-heure de punition, Culafic sonnait bien la révolte (6-7), mais pour mieux remonter les pendules adverses. Grbic re-réglait la mire, le capitaine belge Wijsmans poursuivait son sans-faute. La montagne, pour un groupe sans âme, devenait carrément infranchissable. 17-25 en guise de châtiment suprême. A vite oublier. Ou à longuement méditer...
Photo Seb Jawo
La fiche?
Poitiers. Parc des expos. 3900 spectateurs environ. Arbitrage de MM. Seifried (Slovénie) et Groenewegen (Pays-Bas) . Poitiers - Cuneo : 0-3 en 1h11 (19-25 en 24', 15-25 en 23', 17-25 en 24')?
Poitiers : Pinheiro (puis Audric), Sol (puis Zopie), Petrovic (puis Zopie) , Maréchal (puis Wanderson), Lopes (puis Wanderson), Culafic (puis Alpha). Libero : Teixeira.?
Cuneo : Grbic, Vesely, Mastrangelo, Ngapeth, Wijsmans, Vissotto. Libero : Henno.
POITIERS : Culafic 8, Zopie 5, Wanderson 5, Maréchal 5, Alpha 4, Petrovic 3, Sol 3, Lopes 2
CUNEO : Wijsmans 17, Vissotto 14, Ngapeth 11, Grbic 4, Mastrangelo 3, Vesely 2.
Ils ont dit
Olivier LECAT, entraîneur de Poitiers : "Demandez donc aux joueurs pourquoi ils étaient aussi crispés. Il faut que chacun, individuellement, se pose les bonnes questions. Ce soir, je suis surtout déçu pour le public, qui avait fait en sorte de remplir ces belles Arènes. A charge de revanche. Nous avons encore notre destin en mains. Et puis, je ne vais pas me laisser abattre. Il ne faut pas tout remettre en cause parce que nous n'avons pas joué à notre niveau. Face à une telle équipe, il ne fallait pas laisser la porte entr'ouverte. On l'a fait en début de match et on l'a payé cash."
Marc ZOPIE, central de Poitiers : "Je ne comprends pas pourquoi on s'est autant pris la tête. Il n'y avait aucune raison de prendre ce match comme ça, en étant crispés. C'est la première fois que je joue devant 4000 personnes et ça fait mal au coeur de faire n'importe quoi. Maintenant, tout n'est pas fini. Et je donne rendez-vous au public contre les Tchèques."
Earvin NGAPETH, réceptionneur-attaquant de Cuneo : "J'ai senti les Poitevins en-dessous dès l'entame. A l'image de Nico (Maréchal), que je connais par coeur. Avec lui moins bien, c'est plus difficile. Nous ? On a fait le boulot, en ne relâchant pas la pression. La défaite contre Budejovice n'est pas effacée, mais nous voilà relancés."