Mario Cottron est un directeur régional de l’IUFM qui ne garde pas sa langue dans sa poche. Au côté d’autres intervenants, il animera une conférence sur « les métiers de l’enseignement », le jeudi 8 décembre. L’occasion de dénoncer l’évolution de la formation des profs.
ll y a quelques années, les étudiants se pressaient au portillon de l’IUfM pour devenir enseignants. Quelle est la situation aujourd’hui ?
« Je me souviens qu’en 2007, huit cents étudiants préparaient les concours de l’enseignement pour enseigner en collège ou lycée. Aujourd’hui, on dénombre environ deux cents étudiants inscrits dans ces masters d’enseignement du second degré. De la même façon, cette diminution est visible parmi les professeurs des écoles qui sont également deux cents en dernière année. Certaines disciplines comme les maths et la physique sont quasiment désertées. »
Votre discours de jeudi sera-t-il rassurant ?
« C’est compliqué. Les enseignants se voient confier des missions supplémentaires pour une rémunération peu attrayante quand on dispose d’un Bac+5. Le nombre de postes ouverts au concours externe a largement diminué au cours de ces dernières années. Les étudiants aimeraient une vision pluriannuelle des besoins pour se rassurer sur les débouchés. Sans quoi ils hésitent de plus en plus à s’investir dans un long parcours. D’autre part, la réforme de la formation a rendu insuffisant le temps de stage devant les élèves. Quand on ajoute à cela la mauvaise image véhiculée par les médias, la crise des vocations est une réalité.»
Que demande-t-on aux enseignants aujourd’hui ?
« Le métier d’enseignant ne consiste plus simplement à transmettre un savoir. Il remplace la famille dans l’apprentissage de valeurs et de la citoyenneté. Par rapport aux précédentes générations, les femmes travaillent davantage. C’est très bien ! Mais elles sont forcément moins présentes, et globalement la cellule familiale ne joue plus le même rôle. On ne peut demander à un enseignant de se substituer à cette cellule. »
La conférence des directeurs d’IUfM a rédigé vingt-deux propositions à l’intention des candidats à la présidentielle 2012. Lesquelles retenez-vous ?
« Le ministère de l’Education nationale devrait être capable de donner une vision sur trois ans des postes à pourvoir. Pour pallier le manque de candidats au métier de prof dans les lycées professionnels, je crois aussi que chaque IUFM devrait se spécialiser dans une ou deux filières. Cette carte nationale des formations permettrait de regrouper les étudiants à un endroit et de fermer les formations suivies seulement par trois ou quatre étudiants. »
«Les métiers de l’enseignement», débat animé par Mario Cottron, Patrice Herzecke, directeur régio- nal de l’Onisep (orientation) et un proviseur, à l’Espace Mendès- France, le jeudi 8 décembre à 20h30.