Trois ans après une menace de fermeture, le Creps Poitou-Charentes a su retrouver, aux yeux de son ministère de tutelle, le dynamisme nécessaire à sa survie. Le grand pôle sportif régional veut désormais voir plus loin…
Quel est le point commun entre Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon? Ils sont Français. Certes. Ils appartiennent tous les deux au gratin du tennis mondial. D’accord ! Mais ce que l’on sait peut-être moins, c’est qu’ils ont, l’un et l’autre, fourbi leurs armes au Creps Poitou-Charentes. Élèves du Pôle France à la fin des années 90, Tsonga et Simon servent aujourd’hui l’exemple d‘un parcours abouti et de l’excellence de la formation prônée dans les sous-bois du domaine de Boivre.
Et pourtant ! Malgré cette re- connaissance avérée, « l’usine à champions », créée en 1978, a bien failli disparaître. Nous sommes à l’automne 2008. La réforme du réseau des Creps préfigure la fermeture de huit centres sur les vingt-quatre existants en France. La tête de l’institution vouneuilloise est sur le billot. Personnels, direction et élus locaux se mobilisent comme un seul homme. L’établissement échappe finalement de peu à la mort annoncée.
Un an plus tard, une nouvelle directrice, Anne Schirrer, est nommée à la tête du Centre de ressources, d’expertise et de performances sportives Poitou-Charentes. Elle s’en souvient comme si c’était hier. « Je suis arrivée dans un contexte difficile. Pour toutes les personnes qui étaient en place, cet épisode avait été traumatisant. » A son arrivée, le Creps est loin d’être sauvé. Il lui faut faire ses preuves. Deux ans plus tard, le pari est tenu.
Auditionnée il y a deux semaines par David Douillet, Anne Schirrer est sortie de cet entretien avec les félicitations de son ministre de tutelle. « Notre dynamisme et notre dynamique ont été salués à l’unanimité, déclare-t-elle, pas peu fière. Du coup, nous avons la quasi-certitude que notre budget(1) sera revu à la hausse en 2011. Malgré les restrictions induites par le plan de rigueur, le ministère a souhaité récompenser notre projet structurant. »
Le sport adapté en pointe
Mis en défaut sur sa politique de performance sportive en 2008, le Creps a donc su rec- tifier le tir. Il se fixe désormais de nouveaux objectifs en termes de formation. Derrière la locomotive « Pôle France Tennis », sont venus ou vont venir s’accrocher plusieurs wagons. C’est le cas de l’innovant Pôle France de Sport Adapté, tout récemment initié.
En son sein, des modules spécifiques de sensibilisation à la pratique sportive ont été élaborés à l’intention des per- sonnes souffrant de handicaps mentaux. Ce pôle dispose en outre d’une unité de recherche sur la problématique du sport et du handicap. « Notre ambition est de tisser une grande toile entre toutes les activités proposées au Creps et d’étudier leur adaptabilité au public spécifique que nous rencontrons et formons, illustre Yves Drapeau, responsable de la structure. Notre volonté est, au-delà, de démocratiser l’organisation de compétitions d’envergure et montrer au grand public tout ce que le sport adapté peut engendrer de richesse et de performance. Nous avons posé des jalons en 2010, en accueillant les championnats de France de basket-ball. Nous franchirons une nouvelle étape, très prochainement, avec l’accueil de rencontres nationales du sport scolaire. »
Après le sport adapté, le cyclisme devrait être la prochaine discipline à bénéficier de l’élan local, en termes de recherche et d’événementiel. Tout en préparant l’avenir, le Creps de Boivre renouerait alors définitivement avec son glorieux passé.
(1) Le budget du Creps Poitou-Charentes est légèrement supérieur à cinq millions d’euros.
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Bientôt une piscine nordique ?
Le Creps Poitou-Charentes assure vouloir développer l’accueil des équipes de France sur ses terres. « Le triathlon, le water-polo et la natation sont nos cibles privilégiées, détaille Anne Schirrer. Nous sommes actuellement en train de réfléchir à une transformation de notre bassin actuel en une piscine nordique. » Dans le cadre d’une double utilisation public- privé, le projet pourrait alors être conjointement financé par les collectivités. L’ouverture à la société civile est, à ce titre, le nouvel engagement poursuivi par l’équipe de direction. L’élection, il y a peu, d’Odile Chauvet à la tête du conseil administration en est la plus juste illustration