Daniel Costantini, le discours de la méthode

Double champion du monde, en 1995 et 2001, à la tête de l’équipe de France de handball, Daniel Costantini s’est retiré des terrains il y a dix ans, au lendemain de son deuxième titre planétaire. Il sera l’invité d’honneur de la conférence-débat organisée, le 29 novembre à Poitiers, par le Comité régional olympique et sportif.

Nicolas Boursier

Le7.info

La voix au bout du fil a la même assurance que celle de radio ou de la télévision. Le genre de voix qui vous pose un homme, suintant l’authenticité, transcendant l’émotion. 

Sur les ondes de RMC comme au micro de Canal +, Daniel Costantini ne brûle sans doute plus du même feu que naguère, lorsqu’il éructait en bout de banc, mais la passion demeure tenace. Surtout lorsqu’elle vous a guidé, par deux fois, au firmament de la reconnaissance planétaire. 

Dix ans après son retrait des terrains, celui que ses pairs ont élu «meilleur entraîneur de handball de tous les temps» joue les vieux sages en coulisses. « Puisqu’on ne m’a jamais proposé, alors que je les croise à chaque compétition, de m’asseoir à la table des joueurs ou du staff de l’équipe de France, je me contente de prendre de la hauteur et de commenter ce que je vois, sans aller plus loin. » 

Cette « pudeur médiatique » n’empêche pas le bouillant  «ex-entraîneur» de lâcher ses vérités hors du pré. « Mon successeur à la tête de la sélection ? Il ne m’a jamais rien demandé, ni conseil, ni avis. Je ne suis même pas sûr qu’il me connaisse. Je ne sais pas si mes méthodes l’ont un jour inspiré, mais moi, en tout cas, je ne me retrouve pas dans les siennes. » 

Ainsi est Costantini. Sans demi-mesure. Aussi franc du collier qu’autrefois, lorsque son irascibilité parfois, sa directivité, souvent, faisaient des vagues.  « J’ai longtemps fonctionné sur ce mode autoritaire, admet-il. Jusqu’au jour où les échecs, des JO de 1996 et 2000, m’ont poussé à faire évoluer ma façon de voir les choses et de manager. »

Responsabilisation individuelle 

S’inspirant largement de la maïeutique de Socrate, la méthode imposée en 2001, au matin des mondiaux de Paris, par le sélectionneur tricolore, s’attacha donc à encourager «l’accouchement des esprits», en responsabilisant, individuellement, chaque membre du collectif. La réussite, sportive et humaine, fut exemplaire. Elle sert aujourd’hui de point d’ancrage aux multiples interventions de consultant effectuées par Daniel Costantini. « Les entreprises me font souvent appel pour évoquer mon expérience managériale, explique-t-il. L’avantage, lorsqu’on a terminé sa carrière, c’est qu’on peut théoriser sur ses forces et ses faiblesses, ses succès et ses erreurs. » 

Avec le recul de ses soixante-huit printemps, Costantini s’est forgé une conviction : son autorité desdébuts, voire ses abus de pouvoir, étaient communs à ce que vivent beaucoup de chefs d’entreprise. « Comme eux, je me sentais parfois isolé. Comme eux, j’oubliais de prendre en compte les aptitudes et les progrès individuels de mes collaborateurs. Sauf que moi, je n’avais pas l’excuse du manque de temps ou de ressources humaines. J’avais des délais de préparation suffisamment longs et une équipe d’encadrement suffisamment efficace pour cerner et développer les compétences de chaque élément du groupe. J’ai vraiment dû me faire violence pour prendre conscience de la nécessité de changer mon style. » 

Les remises en question s’enracinent souvent dans la souffrance. Costantini l’a vécu. Nombre de patrons, il en est certain, doivent « y passer » pour espérer avancer. 


« Le contexte sociétal suggère-t-il un renouveau et un accroissement des relations entre mouvement sportif et entreprises ? » Conférence-débat le mardi 29 novembre, de 18h à 21h, à l’amphithéâtre du lycée Isaac de l’Etoile. Inscriptions sur http://poitoucharentes.franceolympique.com

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