Héritier d’une longue lignée de boulangers, Alrick Mahou reprend le flambeau familial. Pétri de bonnes intentions, le jeune mitron perpétue la tradition avec ferveur en misant sur le 100% bio.
Une belle histoire de famille. Chez les Mahou, la boulange est un art qui se transmet de génération en génération. Et ça dure depuis le XVIIe siècle, c’est dire. Pas étonnant que le petit dernier soit, à son tour, tombé dans le pétrin.
Du haut de ses vingt ans, Alrick a la passion chevillée au corps et la farouche envie d’inscrire son prénom dans la lignée de ses illustres prédécesseurs. À l’image de son grand-père André qui, dès les années 60, surprit son monde en mettant au point un pain biologique. Ou encore de son oncle tourangeau, Jacques, meilleur ouvrier de France, qui améliora le procédé avec un levain doux permettant de réduire l’acidité des pains. Le sillon était tout tracé. « J’ai passé un BEP de boulangerie à l’âge de 15 ans puis exercé pendant deux ans, avant de raccrocher le tablier pour reprendre des études de commerce. »
Mais l’appel du fournil est le plus fort. Sous l’impulsion de son père Philippe, bien connu à Poitiers pour ses autres occupations(*), Alrick s’offre un CAP en candidat libre avant de reprendre le collier. Depuis quelques semaines, le jeune artisan s’active dans « L’Atelier du Levain », en plein centre- ville de Poitiers. Une ancienne boulangerie rénovée du sol au plafond. Ici, rien n’a été laissé au hasard pour que le lieu retrouve son cachet d’antan. Philippe Mahou le confirme. « Nous avons choisi des matériaux naturels, un enduit à la chaux, du bois et des briques pour mettre en valeur les murs de pierre et la façade du four à bois, un authentique Flochet de la seconde moitié du XIXe siècle. »
Défendre le pain de qualité
Dans son fournil chargé d’histoire, Alrick Mahou perpétue les techniques traditionnelles transmises de père en fils dans le plus grand secret. Avec une seule obsession: faire découvrir à tous les vertus des bonnes farines, de la cuisson au feu de bois, du levain naturel et de la pâte longtemps fermentée. Bref, défendre le bon goût du pain de qualité. « Toutes nos matières premières sont issues de l’agriculture biologique », martèle-t-il.
Pain de Lodève, fouace de Rabelais, petit épautre, pain d’Auvergne, au kamut ou au quinoa... Sous le roulé des doigts experts du boulanger, des pains de toutes sortes prennent forme. « Au fil des saisons, nous proposons même des pains fantaisie, à la tomate, aux olives, aux figues, aux lardons… » Le papa met aussi la main à la pâte en concoctant viennoiseries traditionnelles, biscuits et autres gâteaux «rustiques». On vous le disait, une vraie affaire de famille.
• L’Atelier du Levain – 33 rue Monseigneur-Augouard –www.latelierdulevain.com
(*) Ancien directeur de la communication du Cned, Philippe Mahou a conduit la tête de liste du Modem aux élections municipales de Poitiers en 2008.