Le permis de construire est désormais visible sur la façade. Les travaux de réhabilitation de la Pierre-Levée ont commencé.
Mais, déjà, les futures conditions de détention -jugées laxistes par certains- soulèvent les interrogations. Symbole de cette contestation : la destruction d’un gigantesque mur d’enceinte fait débat.
La prison de la Pierre-Levée « abrite » des détenus depuis 1906. Dans l’esprit des Poitevins, l’établissement restera toujours un lieu d’incarcération. Le projet de le transformer en centre dédié à la réinsertion (voir encadré), logiquement moins verrouillé, enflamme donc les débats depuis quelques mois. D’un côté, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip) et ses 10,4 équivalents temps plein, appelés à migrer vers la Pierre-Levée. De l’autre, les syndicats de surveillants de prison.
A bien les écouter, on comprend que les deux conceptions s‘opposent sur les conditions de détention des futurs condamnés. Quatre-vingts détenus, en fin de peine ou en semi-liberté, devraient intégrer le nouvel établissement, encadrés par vingt à trente gardiens, répartis en équipes de jour et de nuit.
« Les barreaux seront retirés, les détenus pourront prendre leur repas en commun et nous avons dû négocier pour que les verrous soient placés à l’extérieur des cellules, déplore Christophe Beaulieu, délégué local de FO-Pénitentiaire. Ils n’ont pas fini leur peine. Nous ne voulons pas que cette structure se transforme en auberge de jeunesse. Il faut quand même avoir une pensée pour les victimes... »
Un mur symbolique
Les agents du Spip ne partagent pas ce point de vue. Eux qui interviennent en « milieu ouvert » ne supportent pas l’idée que la Pierre-Levée ressemble à un Vivonne bis. « Il ne faut pas demander aux condamnés bénéficiant de mesures alternatives à l’incarcération de venir en prison pour parler insertion, estime Christian Gaumont (CGT). Même chose pour les familles, les employeurs, Pôle Emploi… ».
Entre les deux parties, les crispations se concentrent d’ailleurs autour de l’avenir d’un mur d’enceinte, à gauche du portail, que les premières esquisses prévoient d’araser largement. Un ravalement de façade symbolique, mais révélateur de l’ambiance actuelle. Le choix du projet architectural semble, de toutes les manières, arrêté. Une œuvre d’art devrait être érigée à la place dudit mur (lire ci-dessous). Pas sûr que cela tempère les craintes des gardiens.
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L’art pénètre en prison
Un artiste local a proposé de créer une œuvre d’art en l’honneur des nouvelles missions allouées à la Pierre-Levée. Ce serait alors une première en France. Cette œuvre symboliserait l’idée que tout le monde est susceptible d’effectuer un séjour en prison, mais qu’il est aussi possible de se réinsérer. Elle pourrait se situer à gauche du portail actuel, à la place du très haut mur d’enceinte de la prison. Ce dernier serait alors déconstruit. Rien n’est acté pour le moment, même si le projet a séduit a priori les donneurs d’ordres.
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Portes ouvertes vers la réinsertion
Trois entités s’installeront au plus tôt à la Pierre-Levée à la fin du premier semestre 2012. D’abord, un quartier de semi-liberté où les détenus, condamnés à de courtes peines, dormiront la nuit avant de travailler ou suivre une formation qualifiante le jour. Le Spip dispo- sera, lui, des anciens bureaux administratifs. Comme aujourd’hui, il veillera à l’exécution de mesures alternatives à l’emprisonnement. Enfin, la troisième structure est le Centre pour peines aménagées (CPA), dédié aux détenus proches de la sortie qui veulent préparer leur réinsertion après un long séjour en cellule.