mardi 24 décembre
Aide à la mort, hymne à la vie
Catégories : Société, Social, Solidarité Date : mercredi 09 novembre 2011Quand la France adoptera-t-elle une loi autorisant un malade en phase terminale à décider de sa propre mort ? Porte-parole dans la Vienne de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), le Pr Maurice Gomel revient sur une demande que 86% de Français disent approuver…
L’opinion publique semble favorable à ce que la France légifère sur l’aide active à la mort. Pourquoi ne s’y résout-elle pas ?
« 86% de nos concitoyens se disent effectivement favorables à ce que la loi française accorde, aux personnes en phase terminale, incurables, ou victimes d’une dépendance insupportable, le droit de décider de leur propre mort. C’est exactement le cadre de la demande que nous formulons depuis des années, cela ne va pas plus loin. Nos échecs répétés sont toutefois la preuve de la puissance des minorités et des lobbyings politiques et idéologiques. Dernier exemple en date ? Une proposition, rédigée par trois sénateurs issus de sensibilités différentes, dont Alain Fouché, a été faite en janvier dernier. Nombre de leurs confrères ont fait part de leur soutien à ces trois sénateurs, mais à l’instant du vote, ils se sont rétractés. Au final, ce projet a été retoqué pour quinze petites voix. Le fait qu’une minorité parvienne sans cesse à imposer son diktat commence à me lasser. »
Votre combat continue, pourtant…
« Et comment ! Je suis certain qu’un jour ou l’autre, la balance penchera en notre faveur et que nous rejoindrons les pays qui, à l’image de la Belgique, des Pays-Bas ou du Luxembourg, ont déjà pris un gros train d’avance sur ce sujet ô combien sensible. Je ne sais pas si la France est rétrograde. Mais, en tout état de cause, elle aime prendre son temps sur les grands débats de société. La loi sur la contraception avait mis trente ans à s’imposer. J’espère qu’on ira plus vite cette fois-ci. Si ce n’est en 2012, ce sera en 2013, je veux y croire. Je veux croire en une loi de transparence, qui détermine clairement la légitimité d’un malade et du personnel soignant à se délivrer ou délivrer de la souffrance. Nous ne parlons pas de suicide assisté, mais d’une aide active à la mort, c’est un tout autre concept. »
La loi Léonetti de 2005 a-t-elle, selon vous, fait avancer les choses ?
« Elle a posé des jalons, mais c’est insuffisant. A ce jour, le document dit des « directives anticipées », sur lequel on peut écrire sa volonté d’effectuer « le grand voyage » lorsqu’on l’aura choisi et de désigner une personne de confiance pour relayer cette volonté, est peu utilisé, encore moins reconnu. Pour la bonne et simple raison que les médecins sont censés en prendre connaissance, non en tenir compte. C’est là-dessus qu’il faut légiférer. Seul un acte législatif peut conforter le requérant dans l’expression de sa liberté la plus légitime: celle du choix. Seul un acte législatif peut permettre de disculper le corps médical. Seul un acte législatif, et c’est là l’essentiel, peut remettre l’individu au centre de la discussion. »
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ASSOCIATION
Trente ans de lutte pour l’ADMD
L’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), fondée en France en 1980, compte près de 48000 adhérents, répartis en 105 délégations. Contacts : ADMD 86. 24, avenue de l’Europe à Poitiers. Tel: 05 49 39 24 82. Courriel : audicol86@orange.fr
CONFERENCE-DEBAT
Les « souffrances insoutenables » à Mendès-France
RAPPEL
Ce qu’a fait la Loi Léonetti
En 2005, une loi est votée en France. Cette loi, dite «Léonetti», marque une première avancée certaine. Son objectif principal est de permettre l’arrêt des traitements jugés ou devenus inutiles et la mise en route de soins de confort sédatifs et sénateurs, le cas échéant et comme effet secondaire, abréger le temps restant à vivre. Les directives anticipées permettent au patient (au besoin représenté par une « personne de confiance » choisie par lui) d’exprimer son accord ou son refus en ce qui concerne les traitements proposés. Cependant, seul le médecin, dans le cadre d’une procédure collégiale médicale, décide de l’arrêt du traitement. « L’ADMD demande que seul le patient soit maître de cette décision le concernant au premier chef », martèle Maurice Gomel.
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