mardi 24 décembre
Le centre hospitalier Henri-Laborit milite depuis des années pour la «resocialisation» des adultes souffrant de handicaps psychiatriques « stabilisés », sans troubles du comportement. Le long chemin menant vers l’autonomie peut passer par un placement en famille d’accueil thérapeutique. Découverte…
La timidité de Muriel n’a d’égale que sa grandeur d’âme. Il y a quatre ans, cette jeune Poitevine a choisi de donner un nouveau sens à sa vie. « En faisant parler mon cœur, tout simplement. »
Nous sommes en 2007. Après des mois d’enquête approfondie, les services de la Fédération des placements familiaux d’Henri-Laborit la déclarent apte à recevoir l’agrément de « famille d’accueil thérapeutique ».
A son domicile du quartier du Pont-Neuf, Muriel héberge, accompagne et soutient aujourd’hui deux femmes de 51 et 37 ans, victimes de troubles psychotiques, chroniques ou infantiles. Sa mission ? « Les aider à grandir, à prendre confiance en elles, à retrouver leur autonomie. Le jour où elles me quitteront, je serai la plus heureuse des femmes. »
Au contact de Muriel, de l’infirmière, de l’assistante sociale et de tous les agents de la fédération qui guident leur pas, Martine et Nadine(*) effectuent des progrès considérables. « Même s’il leur arrive encore de se perdre, elles prennent désormais le bus et font les courses toutes seules, sourit Muriel. Passées les premières réticences, les commerçants du coin les ont adoptées. Moi, je les accompagne dans leur évolution, mais elles aussi me font grandir. Elles m’ap-portent énormément. Je peux même dire qu’elles comblent une grande partie de mes manques affectifs. »
La « maman d’adoption » est emplie d’amour. « C’est le premier ciment de ce métier, coupe-t-elle. Je suis vingt-quatre heures sur vingt- quatre avec elles. Comment pourrais- je le supporter si je ne les aimais pas ? »
Muriel est à ce jour la seule « famille d’accueil » de Poitiers. Sur le département, elles sont dix-neuf. Maigre total. Trop maigre ! « Cette pratique, tellement salutaire pour les patients en voie de resocialisation, est hélas encore trop méconnue et se heurte encore trop souvent à la barrière de la méfiance et du préjugé, regrette Sophie Galland, cadre de santé. Nous aimerions tant que les choses changent et que les vocations naissent. »
Avec du temps et beaucoup d’amour, tout est possible !
(*) les prénoms ont été volontairement changés. Muriel (à gauche) peut compter sur l’aide permanente de l’équipe de la fédération des placements familiaux.
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