A cœurs vaillants…

Cueilli à froid par une entrée en matière atone, le champion de France a su admirablement redresser la barre et repousser les assauts d’une coriace équipe allemande. Avec deux victoires en autant de rencontres, Poitiers prend, seul, la tête de son groupe.

Nicolas Boursier

Le7.info

Dix ans. Dix ans que les supporters poitevins attendaient le retour de leurs ouailles sur la grande scène de la Ligue des Champions. Dix ans de sevrage, ça compte. Au point d’empoussiérer les souvenirs ? De scléroser les énergies ? A « zieuter » les rangs clairsemés de ce Poitiers-Unterhaching, on peut légitimement se poser la question. Et craindre pour un éventuel affrontement contre Cuneo aux Arènes. Ce jour-là, il faudra remplir plus de 4000 places. La partie est loin d’être gagnée.

Celle du Poitiers Volley est, elle, beaucoup mieux engagée. Enfin elle l’était, à l’heure de défier les géants teutons. La victoire inaugurale à Budejovice, associée à la défaite surprise, la veille, de Cuneo chez ces mêmes Tchèques (0-3), entrouvrait effectivement la porte à de réelles promesses. Restait à y joindre l’acte.

Pas une mince affaire, face aux 2,08 m respectifs de Dünnes et Günthör et à l’omniprésence de Kaliberda, bondissant comme un diablotin. Les quatre blocks allemands au décompte du set suffisaient à réduire à néant les maigres velléités poitevines et boucler la manche sur un triste mais logique 25-18.

Le public –ah, les fidèles sont toujours là quand même !- n’avait pas senti le coup venir. Il se releva pourtant comme un seul homme pour accompagner Culafic et les siens dans leur reconquête. Bingo ! Soudain plus consistant en bout de filet, rayonnant avec un Maréchal aérien, et enfin tranchant au service, le champion de France sortait de sa torpeur. 8-5, 16-13 au virage des deux temps morts techniques. Le coup s’annonçait bluffant. Un ultime engagement-filet du déclinant Kaliberda libérait définitivement la meute (25-21).

Enorme Maréchal


Sur quelles bases pouvait démarrer le troisième acte ? Celles du premier, lénifiantes, ou du deuxième, révoltées ? Celle de l’euphorie, mon général. Et du grand show de… Maréchal, superbe Maréchal, qui guidait ses coéquipiers vers leur destinée (7-5), en tannant régulièrement le cuir de Shafranovich et ses frères. L’ancien Beauvaisien et Montpelliérain se perdait lui-même, un temps, dans sa résistance, pas dans son envie de combattre. Trop maigre pour brider la douce euphorie du « Nicolas-le-Grand ».

Deux aces plus loin, l’international tricolore avait fait le trou (presque) à lui seul (13-8). Avec un tel catalyseur, Poitiers, c’est sûr, ne pouvait plus lâcher la bride. Lopes et Culafic lui emboîtaient le pas, Unterhaching balbutiait le sien. Les remplacements du libero Prüsener par Hupka et du pointu international Dünnes par Hirsch, redonnaient néanmoins au visiteur le courage de recoller au score (22-21 et même 24-24). Dans une atmosphère suffocante, force restait finalement aux Poitevins et à… Maréchal, qui plantait une… vingtième banderille gagnante dans la peau des visiteurs (28-26). Ouf !

Le plus dur, pensait-on, venait d’être fait. Mais c’était compter sans la ténacité germanique. Et sur cette nécessité pour Pinheiro and co de devoir rattraper un retard vite, trop vite concédé en début de quatrième manche. Eh oui, que voulez-vous, c’est dur la Ligue des Champions ! Et ça se mérite.

Du mérite ? Ce soir, Maréchal aurait pu être élevé dans l’Ordre national. C’est encore lui qui ramena la horde (16-16) et insuffla à son jeune partenaire Audric la bonne idée de planter un ace (19-17).  Malgré quelques nouvelles frayeurs à l’emballage, l’affaire était pliée au terme d’un final haletant, Sol se réservant le droit de définitivement libérer les siens (25-23)

Double victoire. Première place provisoire. Invincibilité en saison maintenue. Moral au beau fixe. Les absents d’hier apprécieront. Combien seront-ils, le 13 décembre aux Arènes, à faire pénitence. 4000 et plus ? C’est tout le mal que l’on peut souhaiter à Lecat et ses hommes...



La fiche
Poitiers. Gymnase de Saint-Eloi. 1400 spectateurs. Arbitrage de MM. Di Giacomo (Bel) et Schürmann (Sui). Poitiers bat  Unterhaching 3-1 en (18-25 en 23’, 25-21 en 25’, 28-26 en 33’, 25-23 en 28’). Durée : 1h49’.
Poitiers : Pinheiro (puis Alpha), Sol (puis Audric), Petrovic, Lopes (puis Wanderson), Maréchal, Culafic. Libero : Teixeira.
Unterhaching : Skladany (puis Hirsch), Cedeno Marquez (puis Hupka), Günthör, Kaliberda, Shafranovich, Dünnes (puis Hirsch). Libero : Prüsener (puis Hupka).

POITIERS : 59 attaques gagnantes, 9 servcies gagnantes, 14 blocks.
La marque : Maréchal 28, Culafic 16, Sol 14, Petrovic 6, Pinheiro 5, Lopes 5, Audric 4, Wanderson.
UNTERHACHING : 48 attaques gagnantes, 6 services gagnants, 10 blocks.
La marque : Kaliberda 20, Dünnes 15, Günthör 12, Shafranovich 10, Cedeno Marquez 6, Hirsch 1.

Ils ont dit…
Olivier Lecat (entraineur du Poitiers Volley) : « Ce qui était important, ce soir, c’était de prendre les trois points. Nous ne sommes pas bien entrés dans ce match, les gars étaient un peu crispés, dans une salle qu’ils ne connaissent pas. On a su gérer la suite intelligemment, jusqu’à ce petit trou d’air dans le troisième set, que nous aurions pu boucler plus tôt. Faire la fine bouche, ce serait de mauvais aloi. Le groupe n’est pas encore au maximum de ses possibilités, mais l’équipe se construit en gagnant, alors… »
Nicolas Maréchal (réceptionneur-attaquant) : « Combien je marque de points ce soir ? Je ne sais pas, ce n’est pas important ! L’essentiel, c’était de gagner face à cette coriace équipe d’Unterhaching. Nous avons eu du mal dans le premier set, comme en championnat. Mais la suite a été meilleure, notamment grâce à notre qualité de service. Elle est belle, cette Ligue des champions ! Nous irons à Cuneo en décembre, avec un peu moins de pression. »

Présentation du match: Teixeira, cœur de champion 
 

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