
Aujourd'hui
Ô temps, suspends ton vol…
L'édito de la semaine est signée Nicolas Boursier.
Parents, arrêtez tout de suite de croire que vos ados sont trop jeunes pour penser au sexe ! Il n’y a pas d’âge pour tomber amoureux. Ni même pour poser les bonnes questions. Bien sûr, ce n’est pas facile de demander à son fils s’il a déjà une activité sexuelle et s’il porte le préservatif. Mais si par bonheur, votre enfant décidait de venir vous parler du sujet, écoutez-le sérieusement. « Attention de ne pas aller au devant de ses interrogations, nuance Isabelle Duponteil, infirmière scolaire au lycée Kyoto, à Poitiers. Il faut simplement y répondre. Le risque serait d’aborder des choses qu’il méconnaît et qui pourraient le choquer. »
Bon, de toute façon, « il est inutile de raconter ses ébats sexuels en détails à ses parents », note Pauline Collet, présidente de l’Union nationale des lycéens (UNL) dans la Vienne. Les jeunes ont besoin de conserver un jardin secret.
Pas facile d’être une fille
En revanche, les parents peuvent être inquiets et vouloir effectuer un check-up complet des connaissances de leurs enfants avant leur premier décollage vers le «septième ciel». Dans ce cas-là, « les bons vieux thèmes d’actualité, comme le Sida, peuvent contribuer à démarrer une conversation en tout objectivité, comme si on ne parlait pas de sa situation personnelle », poursuit la jeune femme de 17 ans, en Terminale ES à Aliénor d’Aquitaine. C’est la contraception traditionnelle qui pose le plus de soucis. « Les filles n’osent pas demander à leur mère de les emmener chez le médecin, car cela revient à solliciter leur autorisation pour avoir une relation sexuelle. Sans oublier les interdits culturels », souligne la professionnelle de santé. « Impossible d’aller voir le médecin de famille qui s’occupe aussi de ses frères, sœurs et parents, s’exclame Pauline. Même l’infirmerie scolaire reste inaccessible à beaucoup de filles. Certaines demandent à leur copine d’aller chercher un préservatif à leur place. Les ados sont plus pudiques qu’on ne l’imagine à travers les séries télé. » Depuis la rentrée, l’arrivée dans les établissements du Pass’contraception, incluant une visite gratuite chez le médecin (voir ci-dessous), devrait réduire le nombre de grossesses non désirées chez les mineures. En 2009, il s’établissait à 429.
Les infirmières scolaires ont le droit, depuis plusieurs années, de distribuer la pilule du lendemain. « De mon côté, je n’hésite pas, car les filles n’ont pas le temps de gamberger, assure Isabelle. Pour tout le reste, je privilégie le dialogue avec les parents. Il est quand même parfois plus facile de parler de choses intimes à une inconnue qu’à ses parents. » Ces derniers ne doivent pas se montrer déçus de ce comportement. Non, ils n’ont pas raté l’éducation de leur enfant... C’est naturel, même quand le dialogue semble solide.
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