mardi 24 décembre
Vous vous trouvez au cœur d’un conflit, mais refusez l’idée d’un procès long et coûteux. La médiation peut, dans bien des cas, offrir une alternative efficace et salutaire à la voie juridique. C’est tout le sens de l’action du Centre de médiation de Poitiers, présidé par Me Anne-Marie Cheneau-Singer. Entretien…
Pour quels types de conflits recommande-t-on la médiation ?
« La plupart des cas que nous traitons concernent les affaires familiales (garde d’enfants, pension alimentaire, liquidation de communauté…), les conflits de voisinage ou les successions. Nous pouvons également intervenir sur le terrain social, par exemple pour des licenciements, ou régler des litiges de droit des sociétés, entre entreprises, sous-traitants ou fournisseurs. En revanche, les actes de violence et de brutalité et tous les dossiers relevant du pénal échappent à notre compétence. »
Quels sont les principaux avantages du dispositif ?
« Lorsque deux personnes se déchirent, tous les moyens sont bons pour détruire l’autre, c’est le boulot des avocats d’appuyer là où ça fait mal. L’affrontement juridique s’avère souvent douloureux, long (entre un an et dix ans) et coûteux. Au bout du compte, il y a un gagnant et un perdant, mais l’on s’aperçoit que les deux parties sont rarement satisfaites. La médiation privilégie, au contraire, la recherche consensuelle. L’obsession du médiateur est de créer ou recréer un lien apaisé et de trouver un compromis de neutralité et d’équité. J’aime à dire que la médiation est un processus. De valorisation du positif. D’écoute et de compréhension. De contact et de respect. Nous ne sommes que les gardiens de ce processus. »
Qui sont ces « nous » ?
« Au sein du Centre de médiation de Poitiers sont actuellement réunis vingt-cinq médiateurs, qui rayonnent sur la Vienne, mais également en Charente-Maritime, Deux-Sèvres ou Vendée. L’acte de médiation est une activité, non une profession. Les médiateurs sont issus d’horizons divers. Je suis moi-même avocate, nous avons par exemple un notaire à la retraite, des professions libérales, des travailleurs sociaux… Tous ont toutefois en commun d’avoir reçu un agrément du ministère de la Justice, consécutif à une formation adaptée. Ce sont des conditions sine qua non à la pratique de cette activité. »
Et cette activité, est-elle, selon vous, suffisamment connue et reconnue ?
« Hélas, pas assez. Malgré un taux de réussite de 90% sur les règlements de conflits, le nombre de dossiers traités est encore trop faible. De l’ordre d’une vingtaine par an pour le Centre de Poitiers. C’est pourquoi j’ai pris l’initiative de créer, en janvier 2011, dans le cadre même du CMP, l’association Parme (Pôle d’action régional de promotion de la médiation) qui, comme son nom l’indique, a vocation à promouvoir la pratique de la médiation. Elle aspire en outre à établir une véritable synergie de la médiation, en favorisant la mise en place d’un réseau de centres associés et de médiateurs indépendants. »
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