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Les établissements de nuit ont jusqu’au 1er décembre pour s’équiper d’éthylotests et permettre le « dépistage de l’imprégnation alcoolique ». Les professionnels poitevins accueillent l’obligation législative avec retenue et discernement.
« Il ne faut pas s’en cacher, cette loi est un pansement législatif pour répondre aux multiples incidents qui ont fait l’actualité, cet été. » Michel Vautier, directeur du «Zexana» à Chasseneuil-du-Poitou, ne mâche pas ses mots. Il juge « aberrant » de devoir s’équiper d’éthylotests avant le 1er décembre.
Mauvaise solution ? Les professionnels poitevins ont tous un avis bien tranché sur la question. « Nous sommes dans l’effet d’annonce, estime David Gouleau, patron des « Salons », à Migné-Auxances. Je vais inviter mes clients à souffler, ce n’est pas le souci. Reste que si l’appareil indique à l’un d’eux qu’il a trop bu, je me vois mal lui faire la morale. Ma clientèle a généralement plus de 30 ans. Autant dire qu’elle est assez grande pour prendre ses responsabilités. » L’intéressé va plus loin. Cette obligation législative le contraint à gérer un problème a posteriori. « C’est généralement inefficace. En résumé, la loi nous demande de responsabiliser une personne saoule. » Le hic est là ! David Gouleau a sa propre alternative: discuter et échanger à l’arrivée des clients. Et donc traiter le problème en amont.
Même méthode du côté de «La Tomate Blanche» et de «La Grand’Goule», à Poitiers. Les propriétaires, Christophe Pinet et Jérôme Lacroix, ont même développé d’autres services. Ils n’ont pas attendu l’entrée en vigueur de cette « mesure inévitable » pour agir. Déjà équipées d’appareils de contrôle, les deux discothèques mettent, depuis deux mois, des navettes gratuites à disposition des fêtards au taux d’alcoolémie dépassant la normale. Autant d’initiatives saluéespar la préfecture, qui a suspendu la fermeture administrative promise à « La Tomate Blanche », après des incidents répétés durant l’été.
Une responsabilité partagée
Fermé pour des raisons similaires au printemps dernier, le «Zexana» propose le même service. Depuis trois mois, un bus de quarante places reconduit à leur domicile les clients sous l’empire de l’alcool. Après avoir fait preuve de leur bonne foi, les établissements souhaitent désormais porter la question de la «vie nocturne» sur la place publique. L’idée d’une responsabilité partagée leur est chère. « Certes, nous devons éviter que certaines personnes ivres reprennent le volant, lance Jérôme Lacroix. Mais notre pouvoir ne nous permet pas de leur interdire. Il faudrait que l’ensemble des autorités en prennent conscience. »
Jean-Claude Bonnefon acquiesce. « Comme il est nécessaire de valoriser ces initiatives, il incombe aux représentants de la force publique et gérants de discothèques de travailler main dans la main, abonde l’élu poitevin délégué à la prévention et à la tranquillité publique. La vie nocturne est une richesse. Il faut tout mettre en œuvre pour ne pas la tarir. »
Légende: Pour éviter que certains fêtards ne prennent ce test comme un concours, le taux n’est indiqué que s’il est inférieur à 0,25g.
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