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Emblème du centre-ville de Poitiers, Le Printemps fermera ses portes dans le courant du premier trimestre 2012. Impact sur le commerce, devenir des salariés, réhabilitation de la façade… Tour d’horizons des zones d’ombre qu’entraîne cette disparition.
Quel impact sur Cœur d’agglo et les commerçants ?
L’annonce de la fermeture du Printemps tombe de facto au plus mauvais moment pour le commerce de centre-ville, à quelques semaines de la réouverture de la (nouvelle) place d’Armes. Claude Lafond n’hésite pas à parler de «catastrophe économique». «Cette issue est un gâchis, mais hélas pas une surprise, admet le président de la Fédération des agents économiques de Poitiers. Cela se trame depuis pas mal d’années déjà. Une façade délabrée, une climatisation en vrac… Tout ceci a nui à l’image du Printemps et du commerce en général. » De son côté, Alain Claeys se montre optimiste. La semaine dernière, par voie de communiqué, le député-maire de Poitiers a réagi à ce séisme commercial avec ces mots : «Si le Printemps part, l’immeuble demeure (…). Il constitue l’un des emplacements numéro 1 de Poitiers.»
Quid des salariés du grand magasin ?
Aujourd’hui, Le Printemps emploie quarante-sept personnes, sachant qu’une trentaine d’employés supplémentaires travaillent pour le compte de marques. Leur avenir s’inscrit évidemment en pointillés. « Beaucoup d’entre eux ont entre quinze et vingt ans d’ancienneté dans l’établissement. Ils ont été émus par l’annonce de la fermeture, estime Fortunée Sellam, déléguée syndicale CGT au Printemps. Avant même le comité central d’entreprise, prévu le 27 mai, elle annonce un front uni avec la CFDT de manière à «représenter au mieux leurs intérêts». Au passage, la déléguée syndicale n’hésite pas à critiquer la direction coupable, selon elle, de n’avoir « investi que 0,3% du montant total des investissements du groupe à Poitiers». « Malgré cela, le chiffre d’affaires a augmenté de 2,4% en 2010… C’est du gâchis. »
Quelles projections immobilières ?
« La spéculation va bon train sur ce dossier, analyse un expert immobilier de la place de Poitiers. Mais je suis sûr que les gros groupes, comme Eiffage, Vinci ou Bouygues, compte tenu de la grandeur du site, vont vouloir prendre position. » Claude Lafond, lui, a une idée précise du type de commerces qui pourrait voir le jour dans les 5 300 m2 du Printemps actuel. « Un Cordelier bis, je ne vois que cela, avec une succession de galeries et une enseigne motrice capable de fédérer autour, comme la Fnac et Monoprix. » Quant à Jacky Brothier, il planche sur la restructuration du site depuis… août 2010. « J’ai travaillé en lien avec un promoteur et notre projet est ficelé, indique l’agent immobilier. Dans ses desseins, Le Printemps conserverait « une surface de 2500 à 3000 m2 », le reste étant dévolu à d’autres commerces. Il invite le « propriétaire actuel à donner des orientations assez rapidement ».
La construction de logements est-elle envisageable ?
« Ce ne serait pas idiot, mais dans les étages supérieurs… », avoue Jacky Brothier. En l’état actuel, difficile toutefois d’imaginer que des appartements puissent se lover au sommet du Printemps. « Pourquoi pas, juge un autre expert immobilier. Mais il va falloir tout démolir car l’ensemble n’a quasiment aucune ouverture sur l’extérieur. En l’état, ce serait invivable pour les familles. »
Qui va régler les travaux de rénovation de la façade ?
Le dossier empoisonne la Ville depuis plusieurs années. Le fonds d’investissement Fondis avait été mis en demeure, comme d’autres commerces du périmètre de l’opération Poitiers Cœur d’agglo, de rénover « sa » façade sous deux ans. Et maintenant ? « La balle est clairement dans les mains du propriétaire, reconnaît l’expert immobilier interrogé par nos soins. Sur un bail commercial, il est toutefois précisé que le locataire, en l’occurrence Le Printemps, doit satisfaire à l’entretien des façades. Avec les difficultés que ce locataire rencontre aujourd’hui, je vois mal comment on pourrait l’obliger à investir de nouveau… » Nul doute que le sujet sera à l’ordre du jour des prochaines discussions entre Alain Claeys, le groupe AEW, représentant des intérêts de Fondis, et la Caisse des dépôts et consignations.
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lundi 23 décembre