Aujourd'hui
Les radios libres ont trente ans ! A Poitiers, des acteurs de la vie locale ont très vite saisi cette opportunité pour lancer des projets suscitant l’engouement du public. Ils racontent…
Le Père Cateau se souvient de l’enthousiasme suscité par la nouvelle. Mitterrand président, le brouillage des radios pirates cesse progressivement. Les stations se multiplient. Le responsable des animations du lycée des Feuillants entrevoit très rapidement le potentiel de cet outil : « Les élèves en parlaient beaucoup. Une radio possédait une importante vocation pédagogique en termes de maîtrise de la communication et d’apprentissage de la liberté d’expression », raconte celui qu’élèves et enseignants appellent encore « Boss ».
L’expérience Pulsar démarre en 1983, avec « une console empruntée à un groupe de rock du lycée ». Les plus timides se décoincent. Certains bénévoles continuent à animer leur émission bien après leur bac. Parmi eux, François Poupin reste aux commandes de L’Indépen-dance durant vingt-sept ans. Et ce n’est pas fini ! Tous les mercredis soirs, de 21h à 23h, il diffuse (avec Franck, qui l’a rejoint) des inédits de la scène pop, électronique et rock : « Avant 1981, je ne trouvais pas ce que je voulais sur les grandes ondes. L’émergence des radios libres, et de Pulsar en particulier, m’a permis de partager ma musique préférée avec d’autres personnes. Et de me rendre compte que je n’étais pas le seul à l’aimer. Autrement dit, j’ai pu concevoir l’émission que je voulais écouter. »
En décembre 2010, Pulsar a quitté le lycée pour intégrer la Maison des étudiants. La radio a conservé son statut associatif tout en employant cinq salariés.
Forum, radio commerciale
D’autres petites stations locales ont grandi encore plus vite, jusqu’à dépasser les frontières régionales. Qui se souvient de RPO ? Installée au Centre socioculturel de la Blaiserie, Radio Poitiers Ouest fait ses premiers pas sur les ondes, quelques mois à peine après la promulgation de la loi. Associant musique et sports, les deux Jacques, Dubroca et Lavignotte, connaissent un succès foudroyant qui les incite très vite à sortir des limites du quartier.
A la fin des années 1980, l’actuel speaker du Poitiers Volley, Thierry Montero, assiste au rapprochement avec une autre station locale, Forum : « C’était l’aventure ! On travaillait avec les moyens du bord, les conditions n’étaient pas toujours faciles, mais on s’éclatait. » Ses multiplexes-multisports font un ravage. Thierry commente les finales de rugby debout sur la remorque d’un tracteur. « Quand on est devenus pros, tout a changé. Notre place était réservée », plaisante l’« artiste ». Le succès aidant, des « sponsors » se présentent. Au milieu des années 1990, les émissions politique, économique, agricole, sportive sont toutes parrainées. Une nouvelle ère apparaît : la radio associative devient commerciale.
« Les émissions d’infos coûtaient cher. La direction a décidé de transformer Forum en radio musicale », s’attriste l’homme au micro, remercié en 2000. Reste que, depuis son siège d’Orléans, la station a acquis une taille et une renommée la positionnant parmi les plus grands groupes radiophoniques régionaux.
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Le numérique, mythe ou réalité ?
Remis la semaine dernière au Premier ministre, le rapport de David Kessler prône un moratoire de « deux à trois ans » dans la mise en œuvre de la Radio numérique terrestre (RNT). Et on le comprend. Difficile de convaincre les foyers français de remplacer leurs récepteurs. On en dénombre six en moyenne dans chaque maison. Mais les gérants de radios associatives ne sont pas pressés non plus. « Notre investissement dans un nouvel émetteur s’élèverait à 30 000€, note Emmanuel Thoreau, directeur de Styl’FM à Neuville. Autant dire que si les autorités publiques ne nous aident pas, les radios associatives ne passeront pas au numérique. »
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